dans « André Gorz, un penseur pour le XXIème siècle », éditions La découverte 2012.
Bioculturalité de l'être humain.
Il est un discours traditionnel, à propos de l'être humain global, un discours fort peu équitable et discourtois envers les femmes...On a cette fâcheuse habitude de dire "l'Homme" en voulant désigner l'être humain...Cette automatique et mâle dénomination est issue d'une vision exclusivement masculine fort peu anthropologique, fort peu démocratique et discriminatoire au moins dans son esprit.
Ma démarche faisant l'objet de ce blog demeure dans une volonté de mettre au jour les possibilités d'une meilleure harmonisation des relations non seulement dans le regard des hommes sur les femmes mais entre états et sociétés, et plus généralement entre les individus.
Est-ce que les murs qui se sont toujours dressés entre les aspirations et la volonté des uns et des autres, entre les confrontations d'intérêts incompatibles toujours réglés par la violence, l'arbitraire et la barbarie tout au long de la très longue histoire de l'être humain auraient pu, pourraient aujourd'hui ou à moyen terme tomber comme tomba le mur de Berlin, par exemple? Est-ce que ces murs de fractures schizophréniques de la conscience collective humaine, pourraient être remplacés par des dialogues pacifiques?
"« Une civilisation comme un individu représente un modèle plus ou moins net de pensées et d'actions. Dans chaque culture, on trouve des buts d'action caractéristiques qui ne sont forcément pas les mêmes dans d'autres types de société. En accord avec ces buts, chaque peuple ne cesse de consolider son expérience, et selon que cette manière de voir exerce une pression plus ou moins forte, les détails hétérogènes de la manière de vivre revêtent une forme plus ou moins adaptées à celle-ci. Adoptés par une culture bien établie, les actes les plus saugrenus reflètent les caractéristiques de ses buts particuliers, en subissant parfois d'incroyables métamorphoses. La forme que prennent ces actes, nous ne pouvons la comprendre qu'en comprenant d'abord les mobiles sentimentaux et intellectuels de cette société. » Ruth Benedict - Patterns of Culture.
Voulant à la fois rectifier cette injustice didactique faite aux femmes (et donc à toute l'espèce homo sapiens) et en même temps définir de la façon la plus exactement anthropologique possible ce qu'est un être humain, (cette démarche qui veut aller à la source de l'histoire pour en déterminer les programmes et donc la possibilité de s'affranchir des conditionnements qu'ils provoquent) j'ai développé quelques concepts tels que : Organisme Biocultural Identitaire et Sensible (OBIS) pour désigner l'individu, le particulier, le personnel que je considère sous la très haute influence du nombre, du collectif, de l'ensemble social. L'OBIS désigne ici la très intime et ô combien étroite mixité entre le corps (physique et physiologique), le processus culturel ou environnement social (traditions, us et coutumes formant les sociétés) le milieu familial et classe sociale, auxquel il faut ajouter les composantes ancestrales individuelles transmises par voie biologiques de généraion en génération. L'Obis est un tout moral et physique construit par l'histoire, une histoire composée par la descendance familiale mêlée à l'histoire culturelle.Avec l'OBIS il s'agit de rendre compte d'une réalité existentielle constituée par l'héritage collectif, où le corps et la société forment un ensemble évolutif. Le corps représente une mémoire historique; les individus incarnent ces différents niveaux historiques dans la réalité contemporaine de la société. Il n'y a donc pas d'un côté des individualités et de l'autre des sociétés comme de la confiture dans son pot mais, tous ces éléments fonctionnent ensemble et s'inter-influencent.
Le corps (et donc le cerveau, lieu de la conscience) agis sur le contexte social et subis des contraintes culturelles, il est instrumentalisé selon des modes particulières. Ces influences contribuent à la fois à la transformation de l'environnement social et du corps. Par exemple, par ses choix vestimentaires la femme aujourd'hui, met en valeur l'éternel féminin, elle donne de la visibilité à ses atouts érotiques, instruments de charme et de séduction, la femme revendique et assume sa quête de plaisir et de sensualité, aidée en cela par toute une technologie esthétique et chirurgical. Et le corps subit également des changements internes suite à des habitudes alimentaires, entre autre, à des influences propres à une génération donnée. Ainsi le corps et l'esprit sont chargés par les moeurs du moment, expriment une sociétalité par des comportements, des mentalités, des perceptions particulières, des activités dites en correspondance avec des valeurs économiques, esthétiques et existencielles qui sont définies par la technologie, par un rythme et une approche de l'activité professionnelle, de l'activité de communication et d'échange, ainsi que l'activité de loisir. Dans ma proposition conceptuelle de bioculturalité je souhaite mettre en évidence les mécanismes de réciprocité entre le corps, la conscience, et un certain état de la société, un corps et une conscience individuelle directement et biologiquement influencés par les expériences des fénérations passées. Influencés aussi par par l'environnement, l'urbanité, la consommation, la technologie et les avancées en matière de communication et par les moyens d'expression individuelle qui sont aujourd'hui offert au citoyen.
Le concept de l'OBIS, est un concept à la fois masculin et féminin adaptable donc à la femme et à l'homme de façon équitable et la plus significative au plan comportemental. Nous sommes tous des OBIS-h et des OBIS-f.
Au fil de mes recherches et études j'ai constaté que ma conception de ce que représente la culture est proche d'un courant anthropologique américain ayant eu cours entre les années 1930 et 1950 . Je cite à ce propos Margaret Mead :
Pour Mead : « Chaque civilisation primitive et homogène ne peut donner carrière qu’à quelques-unes des capacités de l’homme. Elle interdit ou pénalise toutes celles qui sont trop opposées ou trop étrangères à son orientation principale. Les valeurs qu’elle respecte et qui ont été, à l’origine, adoptées par certains tempéraments, ignorées des autres, elle les incorpore de façon de plus en plus solide et durable à sa structure même, à son organisation politique et religieuse, à son art, à sa littérature ; et chaque nouvelle génération se trouve façonnée, fermement et définitivement, selon la tendance dominante ». Mead accorde une très grande importance aux individus : ils sont révélateur de la culture à laquelle ils appartiennent. D’où les références du culturalisme à la psychologie et la psychanalyse.
Ce terme recouvre autant l'humain collectif, culturel, que l'humain en tant qu'individu particulier. Chacun de nous étant à la fois construit sur les deux modes collectif et personnel."
http://socio.univ-lyon2.fr/IMG/pdf/Texte_Mead.pdf
Pourquoi il est si important de redéfinir en ces termes la notion d'être humain?
Les termes femme; homme ;homo sapiens; être humain ; humanité ne sont-ils pas déjà suffisants ? Oui...Et non... Chacun de ces termes sont fort utiles et n'ont pas besoin d'être remplacés. Cependant ils sont employés de manière très inadéquate, confondus dans un mixe terminologique qui, sans doute pour de bonnes et mauvaises raisons, nous égarent. Chacun n'exprime pas la même forme, la même facette de ce que nous sommes. Le terme homo sapiens exprime l'espèce zoologique à laquelle appartient le "mammifère-humain" de la famille des primates; c'est le terme naturel par excellence. Le principe femelle et mâle naturel est recouvert quant à lui par les termes femme et homme , ils constituent une synthèse entre homo sapiens et être humain.
L'expression être humain regroupe le naturel et le culturel et se trouve en fait noyée dans un flou où sont mixées la notion fausse de "nature humaine" entre autre, et qui confère à tord à la branche homo un statut culturel "moderne" alors que la branche homo est antérieure de plusieurs centaines de milliers d'années à l'homme de Cro-Magnon dont nous sommes les descendants directs. La définition historique et scientifique fait qu'un homo sapiens est un être humain c'est le fait qu'il se développe dans un cadre sociétal collectif. C'est la culture et l'ensemble de ses codes qui fait être humain et la culture n'est pas nature et ce même si la Nature avec un grand N est le support évolutif sur la base duquel la branche homo est apparu.
Un homo sapiens apprend le langage articulé; apprends les codes relationnels de la société...Il est enseigné sur la religion...Il reçoit une éducation, des principes de bienséance, de politesse et de respect...Il ne les possède pas de façon inné. Et surtout, l'humain possède une capacité psychologique, émotionnelle que ne possèdent pas les autres espèces vivantes. L'exemple des enfants sauvages est très parlant sur ce point. L'exemple révélateur de Victor de l'Aveyron indique que même au niveau émotionnel le fait de vivre en dehors de toute communauté humaine, fait que l'homo sapiens ne développe aucune sensibilité d'ordre sentimentale. Lorsque le jeune Victor est découvert par Jean Itard il n'a que les caractéristiques de l'animal et il n'existe qu'à travers son pur instinct de mammifère . Aristote disait que l'homme est un animal politique; ce qui s'avère c'est qu'en l'absence de tout cadre sociétal seul l'animal s'exprime chez homo sapiens.
En outre, il n'existait aucune terminologie pour exprimer cette inter-influence entre le corps et le milieu culturel. Pour exprimer les contraintes et les actions physiques et matérielles sur le milieu, la ville, le territoire, le climat....La société dans son ensemble exercés par le corps. Réciproquement, les forces de transformation du milieu naturel exercées par les activités humaines sur les milieux de vie des OBIS, procèdent, par un phénomène de feed-back, à des contraintes et des pressions physiques et psychiques sur le corps (l'ensemble de l'organisme) qui à son tour s'en trouve transformé. C'est cette réciprocité de transformation entre le corps et le milieu sociétal et ses conséquences autant humaines qu'écologiques, que j'ai appelé le phénomène de bioculturalité.
Une conception holistique de l'OBIS.
Il serait impossible d'investiguer sur les tenants et aboutissants des comportements des OBIS -- et d'en savoir donc plus sur leurs conséquences présentes et futures sur la Terre ainsi que dans les sociétés, si nous ne tenons pas compte de l'aspect biocultural de l'être humain. C'est la bioculturalité d'un individu qui paramètre ses comportements.
Dans ma recherche théorique ce terme composé par le préfixe bio et le mot culture, positionne l'être humain dans ce que je pressens comme un processus évolutif global de la Nature et de l'Humain.
La conscience (le moi) a également une perception symbolique de la nature. C'est le Moi Identitaire Mythologique. Tout est lié, nature, corps, conscience et culture. Le milieu humain sociétal est également une métaphore constituée par la mythologie et le monde naturel. En conséquence les événements politiques, économiques, scientifiques, religieux, artistiques peuvent être utiles à la compréhension du corps social et du corps physique individuel.
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