mercredi 18 décembre 2013

De la paranoïa de l'Occident; Essai d’analyse de correspondance bioculturale à travers deux génies de l'art du 20è.siècle

Un exemple de la théorie de la bioculturalité. 

 Deux symboles Yin et Yang de la civilisation Occidentale,


Salvador Dalí
 et  Pablo Picasso 

unis par la paranoïa de notre propre Histoire.

 Qu’est-ce qui pourrait nous autoriser à rassembler, à mettre en correspondance deux artistes, deux peintres comme Salvador Dali et Pablo Picasso ?  Est-ce parce qu’ils sont à la fois tout deux espagnols et contemporains de la même période historique, culturelle, de notre civilisation ?  Non, ces éléments ne peuvent nullement peser suffisamment pour une telle mise en correspondance bien qu’ils y contribuent en partie.

A vrai dire, ces deux figures mythiques de l’art pictural moderne sont très  différentes et éloignées l’une de l’autre, dans  leurs styles respectifs comme dans leurs discours, mais Dali et Picasso se complètent dans ce qui apparaît comme une même fonction, un message collectif commun qu‘ils  lèguent à la postérité et que je tente de traduire dans le cadre de ma Psychanalyse Bioculturale. 

Oui,  il y a bien une mise en lumière par la mise en image peinte de la part de ces deux géants  de  l’art du XXème s. sur l'état d'évolution de nos sociétés. Mais il est nécessaire, pour bien saisir le propos, de se reporter à l’aspect mythologique  de la conscience humaine. Si l'on prétend procéder à une analyse de cette conscience collective qui apparaît et s'anime à travers ce que l'histoire a retenu et que l’on peut par conséquent considérer par ce que les générations ont sélectionné et reconnu comme en correspondance avec leurs aspirations, il faut considérer ces rétentions comme une oeuvre collective, commune à tous les humains. Cette construction sociétale qui s'est élaborée siècle après siècle, cette oeuvre commune, se traduit par des œuvres artistiques, qui expriment l'état de la société au moment où ces artistes  élaborent leurs oeuvres. Et le portrait  implicite établis par Picasso et Dali de la culture Occidentale au 20è s. correspond à un message; il révèle, selon moi,  le vide, le non sens et la barbarie de notre histoire.   La laideur plate des toiles de Picasso et la beauté surréaliste des tableaux de Dali expriment une absence totale d’éthique, de spiritualité; imagent à la fois la menace et la violence de notre civilisation, à travers des styles très différents et très complémentaires.

Voyons comment peut-on repérer chacun des deux artistes en tant qu’OBIS (Organisme Biocultural Identitaire et Sensible), au niveau de leur anthropologie physique. 

Picasso est petit, trapu; il dégage une force physique carrée,  parfaitement stable, solide sur ses jambes musclées. Il est chthonien, c’est un pur produit de la Terre-Mère. Picasso est  une incarnation qui fascine par sa puissance, toute concentrée dans son incroyable regard. Il m’apparaît,  tel un taureau fougueux et clairvoyant et les biographies écrites à son sujet  confirment cette vision.  Les oeuvres de Picasso portent fort nettement cette marque massive et compacte, ce poids.

Dali, c’est l’élégance aérienne du flamand rose, qui lui confère une capacité de légèreté et de mouvement, de fantaisie raffinée que nous pouvons constater dans son anatomie et son allure tout comme dans le style de ses représentations picturales. Il est cultivé, curieux de sciences, c’est un intellectuel romantique qui se complait dans une mythologie du rêve, où le virtuel et l’abstrait dominent.

O combien l’un et l'autre ressemble à sa peinture!  Ressemblance pouvant être qualifiée de correspondance bioculturale. En effet, Pablo Picasso exprime largement ses croyances primitives et superstitieuses, confinant à un animisme quasiment avoué,  qui est paramétré par la bioculturalité africaine,  ancestrale et  magique dont  il est fervent. La paranoïa qui se dégage  de cette synthèse Blanc-Noir est très pure, très spontanée, très brutale. L’œuvre de Picasso agresse le regard, transperce comme une lance, et fait saigner l’âme du spectateur sensible, comme celle de ses modèles féminins.

Quant à la paranoïa dalinienne, elle nous offre, à l'opposé, dans sa spécificité aristocratique, la courtoisie d’être  dans la narration esthétiquement parfaite, elle est explicite dans sa forme littérale, elle caresse le regard de celui qui contemple ses oeuvres. Chez Dali, la paranoïa  et la  barbarie de notre civilisation est toute entière stipulée sous ses deux formules aigres douces.  Les deux sécrétions collectives et culturelles que représentent Dali et Picasso et qui ont très exactement traduit le monde du 20ès. ont tout à fait logiquement été hissées au firmament des   génies médiatiques et ont de ce fait connu de leur vivant un succès à l'échelle planétaire.

Dans la majeure partie de son oeuvre achevée, Salvador Dali, matérialise la sophistication  et la perversité de notre culture. Son raffinement mou et voluptueux où le temps n’a pas le temps : les montres, objets élasto-mathématiques fondant de désir  pour les mécaniques célestes. Dans ces représentations très belles, Dali fait état de la complexité cosmique dont l’homme est  issu. Ici, l’Univers s’inscrit à travers l'homme dans une matérialité servant à soutenir ( les béquilles ) un humanisme et une spiritualité en liquéfaction et/ou en putréfaction permanente : la soupe galactique des physiciens. 

Salvador est un produit biocultural classieux; un romantique anarchiste envoûtant, qui donne et qui invite, qui charme et attire l’œil, d’une manière toute féminine. Je le dis Yin.

De son côté, Pablo, « l’Africain »,  Pygmée hypnotique, farouche et carré, montre, à sa façon abruptement schématique, crue et primordiale, ce même 20 è. siècle, ces mêmes temps modernes, cette même civilisation,  dans toute sa cruelle trivialité et sa « pauvre » condition où, les individus ne sont que des esquisses humaines. Les visages de ses portraits grimacent affreusement la souffrance existentielle, torturés, qu’ils sont par leur avidité aveugle et pulsionnelle de consommateurs violents, obèses et infantiles. La barbarie…toujours. Je dis Picasso Yang.

Salvador, dans sa générosité démonstrative nous donne à contempler notre miroir, tout en suggérant une beauté et une grandeur possible. Picasso, nous indique notre état actuel et donc à partir de quoi il faudrait se construire une image collective autre.
 Le discours qui se dégage de l’œuvre de Pablo Picasso nous a-somme en nous informant dans nos profondeurs, du très très long chemin qui nous sépare d’un monde humain beau et harmonieux.

Comment ne pas comprendre, à la lueur de ce libre et personnel décryptage, que nos sociétés occidentales sont autant “ picadaliennes “ que “ dalissotiques” !!?...

 Mais déjà, je vois se profiler l'exemple d'un certain Francis Bacon, qui, curieusement, me paraît bien représenter la synthèse Picasso-Dalí d’un XXIième s. émergeant....




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