Version du 20 Mars 2013.
La Loi Universelle des Correspondances Adaptatives (LUCA) est l’élément axiomatique de mes thèses. Elle doit son nom à ce que je conçois comme une propriété physique et psychologique commune à toutes les formes de matérialisation dans l’Univers. On est tenté de signifier la LUCA par une métaphore, l’image symbolique des sept notes fondamentales qui permettent une infinité de compositions musicales possibles pour exprimer un même message émotionnel. Une précision, toutefois, il ne faut point confondre, comme c'est souvent le cas, correspondance avec équivalence ou homologie. Par exemple, le caractère biocultural de l'humain signifie que les éléments organiques constituant le corps ont leurs correspondants culturels qui se traduisent par l'urbanisme, les institutions, les activités très diverses des sociétés. Il est par conséquent possible, par un décodage particulier, de comprendre tel élément culturel encore irrésolu par les sociologues en se reportant à son correspondant organique (corporel) dans la mesure où ce dernier est connu et parfaitement analysé par les biologistes. Il est temps que se répande les associations de chercheurs multidisciplinaires.
Ainsi, nous pouvons déterminer un ensemble d'éléments qui n'ont aucun point communs dans leurs natures, leurs fonctions, leurs formes et leurs thèmes, mais qui peuvent être compris en une même famille de cause à effet. L’Univers est le théâtre d’une très grande variété de « compositions » cosmiques, de familles (ou formules) physico-chimiques, et la Terre le théâtre de transformations nombreuses. La géologie, le relief géographique, les sociétés humaines, la Nature et le corps se font écho et s'inter-influencent en un tout évolutif. Un peu à l'image fameuse des battements d'ailes d'un papillon. Dans ces processus emboîtés, en rapports les uns avec les autres, un certain "même" se décline en de multiples formes et apparences toujours changeantes. Ce "même" nous a engendré, et cela est significatif de sa plasticité. Il est à l'origine de la croyance en Dieu qui en est explication mythologique anthropocentrique.
Ce que Charles Darwin, dans la théorie de l’évolution, définis pour les espèces vivantes, est parfaitement applicable aux étoiles et aux galaxies, à l’Univers matériel tout entier. L’abbé Pierre Teilhard de Chardin l'a magnifiquement exprimé. Ceci ne doit point nous étonner et répond au simple fait que tout ce qui se matérialise est constitué des mêmes « poussières d’étoiles », y compris chez l’homme et son action, ce que sa présence implique sur la Terre et dans l’Univers; les sept notes fondamentales de toute la musique de l’Univers, produite et…Restant à produire.
Un certain nombre de lois et de forces que l’on dénomme des constantes de l’Univers, ont pu être appréhendées et mathématisées. Et la science va en découvrir encore beaucoup d’autres.
Ces constantes forment une preuve d’une linéarité l‘historique et complexifiante __ ou évolutive __ de la matière et, notre planète, berceau de la Vie, constitue pour le moins, un exemple très fort de cette évolution. Si j’ai pensé définir en un seul concept darwinien le ciment de cette complexité, c’est parce que je crois déceler, à travers ce qui m’apparaît comme des rapports de forces, __ au sens neutre, constructif et énergétique du terme __ un processus sélectif et adaptatif, disons, universel, qui conduit l’Univers depuis sa naissance. En effet, pour que cette complexification, telle qu’on la constate, puisse suivre ce cours régulier et ininterrompu depuis le big bang, depuis la soupe primaire jusqu’au monde actuel, il faut bien que cette constance-là, qui a produit l’homo sapiens, que le sens immuable dans lequel tout cela se déroule, ait à répondre d’une direction formelle.
Cela ne change rien à la nécessité de reprendre et revisiter une théorie évolutive qui, bien que parfaitement bonne par les questions qu’elle soulève, est un défrichage excellent certes, mais présente des zones peu explicites, surtout en ce qui concerne l’idée de sélection par le plus apte, les mutations.... A voir l’extraordinaire variété du vivant et les très nombreuses formules adaptatives qu’elle présente, l’évolution est davantage à comprendre comme une accélération unificatrice. En somme, ce que l’on considère comme une entropie, une tendance au désordre et à la dispersion des forces, est au contraire une course progressive vers l’auto organisation.
Si ce n’était le cas, il n’y aurait pas une telle variété de formes, variété qui a produit l'homo sapiens. L’évolution se présente une recherche, une tendance de la part de l’Univers à trouver une solution auto organisée absolue et infinie, une intentionnalité concentrée chez l’être humain transformateur de la matière complexe. Tout se passe comme si l’Univers Un et tout entier était concentré dans l’intelligence humaine, laquelle tend vers le contrôle absolu des forces et de l’énergie.
Qui dit adaptatif et sélectif, dit aller dans le sens d’une complexification, et si ce n’était le cas nous serions, ou bien dans un immobilisme absolu, ou bien dans le néant le plus complet et donc nous ne serions point. Or, l’Univers est tout, sauf immobile et désertique. Le monde humain est une représentation typique de cette mouvance à l’intérieur du Même.
Temps, espace et permanence.
Je ne prétends pas ici raconter « une brève histoire du temps » mais il est primordial de considérer que l’échelle spatio temporelle relative à la vie terrestre n’est pas la même que l’échelle spatio temporelle de l’Univers entier ! Il faut bien se situer dans cette relativité si nous voulons appréhender notre réalité perceptive bien humaine de la durée et de son éphémérité mouvante à l’intérieur de la durée universelle qui elle, est perçue comme une permanence, bien qu’elle n’en soit pas une. Par rapport à la longévité d’une étoile comme notre soleil, la longévité d’un être humain ne représente qu’un instant, et l’histoire d’une civilisation est circonscrite dans sa réalité saisonnière ; elle est, toute proportion gardée, égale à celle d’une abeille ou d’un papillon durant l’été! Pour la plupart des insectes, une année de notre calendrier représente une éternité. Ce Même était là bien avant l’apparition de l’homo sapiens ; il sera là bien longtemps encore et après la disparition de ce dernier.
Et ce Même, relatif, nous impose ses lois, des lois qui régissent l’adaptativité de toute nouvelle création tangible, qui doit s’insérer, se fondre dans le « déjà-là » afin d’exister et participer au devenir de celui-ci. Nous sommes dans une portion de cette permanence et qui pèse environ 5 M.A, l’âge de la Terre. La Loi Universelle des Correspondances Adaptatives n’est pas la découverte d’un Newton ou d’un Einstein, d’aucun astrophysicien génial, qui aurait réussi une mathématisation des constantes de l’Univers, mais elle est ce que, modestement, j’ai trouvé de mieux pour signifier ce qui, depuis le big bang, jusqu’à la crise de système dont il est question ces temps-ci dans les medias, est à l’œuvre dans la course folle de cet Univers…Gonflé (!)
Mais je dois m’expliquer sur ce terme de Correspondance essentiel.
Lorsqu’un même processus ou un phénomène donné, comme celui de l’entropie de l’Univers, par exemple, se décline, de façon simultanée __ dans des boucles temporelles, à toutes les échelles macro et microscopiques et sous des formes très diverses __ les étoiles, le système solaire, la Terre, la Vie, l’homo sapiens, l’être humain culturel et son monde __ cela signifie qu’obligatoirement, tous les éléments de cette variété sont des correspondances adaptatives d'un processus qui va son chemin vers son but précis et qui, in fine, matérialise, concrétise, tel événement ou autre.
Nous ne sommes point très éloignés ici, du fameux « éternel retour » de F. Nietzsche.
Tout un chacun connaît le système des poupées russes, qui consiste en un ensemble de poupées creuses, toutes construites sur le même modèle, mais chacune à une échelle de grandeur différente de façon à ce que, de la plus grande à la plus petite chaque figurine puisse contenir la figurine qui lui est immédiatement inférieure. Les poupées, ainsi rangées les unes dans les autres ne laissent apparaître que la plus grande qui, de fait, les contient toutes et chacune est une correspondance de toutes les autres, à échelle différente.
Si j’ai choisi, cette image des poupées russes, c’est parce qu’elle est très proche de la façon dont je perçois ce Même et de la façon dont je relie, dont je com-prends, ce qui se passe, ce que nous sommes et que je suis, et ce, à tous les niveaux de ce qui fait mon quotidien, ma vie, et qui n’est pas limitée à mon ego.
Je prends à mon compte la poésie inscrite dans l’expression « poussière d’étoiles » qui m'a inspiré dans mes perceptions et dans mes relations à l’Autre(1), dans lequel, désormais, quel qu’il soit, je me retrouve et me reconnais. Minéral…Végétal…Animal…humain…Art, politique, sciences, religions, économie. Je doute que cela ai contribué à me rapprocher encore plus charnellement, physiquement de mes semblables, et cela m'en a rapproché au plan social. Et ce qui, en tout état de cause, fut, est , et sera toujours ma solitude, si chère, si chair…A donc fini par se trouver un sens, mieux, une raison, mieux qu’une raison, une passion adaptative, un bonheur qui, bien que bringuebalé dans la trivialité de mes échanges ; bien que mille fois souillé, terni, rabougri, maltraité, bousculé, contesté par la trivialité de notre système de civilisation reprend sans cesse toute sa brillante et pétillante clarté.
J’ai réussi Ma théorie du moi-Tout et j’entends bien laisser des traces indélébiles de mes phéromones méditatives et de mes humeurs de poète et de chercheur curieux.
Mais je dois maintenant en venir aux faits de la condition humaine qui est prioritaire sur la métaphysique de l’Univers car, il n’est possible de canaliser la première qu’en respectant les règles immuables de la seconde.
Cette Loi des Correspondances a une corollaire : l’être humain créait à son image biologique. Cette image en question est d’ordre culturel, l’être humain est un produit comportemental totalement culturel. Le phénomène culturel repose sur les lois naturelles des écosystèmes et une culture est une correspondance de la nature. Il lui est relié tout en étant très distinct d'elle. Notre espèce, homo sapiens, est elle-même une production évolutive de la branche des primates. Y a-t-il eu mutation chez une espèce de singe ou a-t-il existé un ancêtre commun aux singes et aux hominidés ? Mystère.
Ce qui est quasiment certain et connu, c’est qu’entre les tout premiers hominidés, et homo sapiens il y n’a pas moins de 6 millions d’années environ! C’est une période très longue où le processus social chez l’homme de la préhistoire a pu largement se complexifier. Il ne fait aucun doute pour moi que l’espèce homo sapiens est une somme évolutive contenant ces millions d’années durant lesquelles les différentes espèces d’hominidés se sont côtoyées et/ou succédées en acquérant au fil du temps des caractéristiques physiques de plus en plus affinées et des comportements de plus en plus codifiés et de plus en plus psychologiques. Les chimpanzés sont des animaux sociaux ; ils vivent en communautés très organisées où les codes de conduite et les rôles sont distribués selon des règles strictes relativement sophistiquées.
Parmi les espèces sociales on relève le système de troupeau et la horde prédatrice. Chez l’homme préhistorique , peu avant l’apparition d’homo sapiens on se protège à la fois par le le petite nombre d'individualités, et par des stratégies de groupes, de commandos chargés de la protection et de la chasse pour le compte de la communauté. Il est fort possible que cette sociabilité soit à l'origine de l'espèce homo sapiens, la nôtre, résultat d'une évolution des hominidés. Elle s'est développée pour des raisons adaptatives, de survie, en réponse à une situation problématique engendrée par d’incessantes luttes entre petits groupes familiaux qui ont été, on le conçoit, très sélectif.
La solution de la solidarité à plus grande échelle s’est naturellement imposée au fur et à mesure dans le temps pour des raisons stratégiques évidentes : ce fut la naissance du système tribal qui, au fil des millénaires, s’est complexifié en codifications, en rites et en valeurs traditionnelles. La polyvalence de la tribu où les plus forts et les plus habiles chasseurs, en nombre limité, protègent les femmes, les enfants, les blessés, les malades et les vieillards, formant une majorité solidaire par simple nécessité. Elle offre l’avantage de permettre la survie d’un plus grand nombre d’individus, de développer davantage de techniques par l’influence mimétique et, plus il y a de technique, moins les muscles sont sollicités et plus le cerveau et l’imagination sont valorisés et donc se développent.
Il est clair que ce qui a permis à la première civilisation d’émerger, est une longue histoire sociale et technique et violente, durant laquelle les populations ont expérimenté toutes les formes de défenses et d'attaques, de nomadismes et de sédentarité intermittentes. La sédentarisation de plus en plus massifiée s’est imposée au fur et à mesure des progrès techniques et pour palier à ses inconvénients il a fallut créer des cités forteresses et productives. La civilisation n’a pas été voulue et conceptualisée en un bloc, elle s’est imposée sur le mode des règles d'une évolution collective. Les capacités psychobiologiques et les caractères morphologiques se sont formés __ conformés __ aux modes de vies des sociétés et à la géographie. Le processus biocultural à l’origine des organisations collectives humaines est pulsionnel, biologique, il n’est pas intellectuel ; l’intellectualité chez l’homme n’est qu’un effet, un mode adaptatif et éducatif social.
Cette bioculturalité, cette unité corps/culture où les expériences relationnelles communautaires s'inscrivent dans le phénotype est une très longue histoire qui s’est transmise de génération en génération ; d’envahisseurs à envahis, depuis la préhistoire la plus lointaine, et elle se transmet encore aujourd’hui.
Chez l’homme la LUCA peut être également décrite ainsi : Les comportements des individus et des groupes de toute importance, depuis les communautés dites primitives jusqu’aux civilisations, toutes les réalisations culturelles (artistiques, technologiques, politiques, scientifiques, administratives, religieuses, sociologiques, institutionnelles etc...) représentent des projections symboliques, anthropomorphiques et anthropocentriques bien sûr involontaires, elles sont des correspondances de processus et de fonctions organiques manifestes dans le corps; elles sont également soumises aux lois de l'évolution de la matière composant l'univers.
Il est donc possible, par des méthodes mettant en jeu histoire et biologie, de décoder toutes les édifications abstraites et concrètes composant les organisations sociétales afin d’en révéler les mécanismes corporels qui en sont les sources; et vice versa, il est possible, à partir des connaissances des fonctionnements du corps social, des espaces culturels, d'en apprendre encore plus sur notre biologie, sur ce que nous transmettent nos aïeux.
Le lecteur doit bien se demander comment se fait-il que ces correspondances n’ont jamais été observées et encore moins étudiées par les centaines de philosophes et de scientifiques de génie qu’a connue l’histoire des civilisations. Comment cette loi si essentielle n’a-t-elle jamais fait l’objet d’attention, à part d’une manière approximative, mystique et improbable durant le XVIIe siècle chez un certain Swedenborg, un génie touche à tout Suédois ? Niels Bohr a également évoqué des principes de correspondances à propos de la physique quantique. Et comment un autodidacte obscur, sans aucun diplôme, a-t-il pu, au départ de façon purement intuitive, rapprocher ses propres méditations de cette loi ?
Dans un premier temps le travail d’application que nous devons faire à partir de la LUCA consiste à mettre en évidence les seules analogies symboliques, fonctionnelles, verbales et plastiques ( comparaisons d’images, de termes, de rôles et de formes ) qui existent dans tout ce que l’on peut rencontrer dans notre vie quotidienne et ce qui se passe dans le corps; s’entraîner également à relier toute chose au plan de la signification. Ce n’est qu’ensuite que nous pouvons être en mesure de formuler les décodages d’harmonisation.
Je souhaiterais continuer en rapportant ce que j’ai dénommé l’universalité des morphismes.
Cette expression tente de signifier que la forme d’un os, par exemple, doit être en conformité avec la fonction de celui-ci, avec les forces particulières que cet os doit exercer et également avec les contraintes qu’il subit dans ses relations avec d’autres os et avec le milieu organique en général , et cela est valable pour tous les vertébrés. La forme arrondie et fine d’une côte qui lui confère légèreté et souplesse est un morphisme adopté aussi bien chez le rouge gorge que chez la baleine ; toute proportion gardée, bien entendu !
Et cette forme en arc de cercle on la retrouve partout exerçant la même fonction, dans l’architecture des ponts et dans les structures des pieds de la magnifique tour Eiffel ou dans les contreforts des cathédrales…etc. Dans le vivant la forme n’est pas simple caprice esthétique ou hasard ; la forme est fonction. Et les constructions nombreuses et variées des hommes ne se contentent pas d’imiter la nature, mais elles sont des correspondances involontaires de la structure du squelette, des tissus, des organes et des cellules, entre autre. Cette correspondance exerce en outre, je me répète, une influence directe sur les individus.
Les formes tridimensionnelles et les volumes exprimés dans l’architecture sont de la géométrie interactive entre l’intérieur et l’extérieur du corps ; les cubes, les sphères, les pyramides portent et diffusent une énergie que je qualifierais de spécifique, simplement parce que ces formes, ces morphes, existent également dans notre corps et dans le cosmos. Elles représentent un « langage », une force créatrice profonde et extrêmement étendue que nous nous devons d’observer, de mesurer er qu’il est possible de contrôler.
Il est possible de mettre en application cette loi, la LUCA, naturelle, par laquelle, entre autre, les galaxies et la culture d’un peuple se comportent en “un juste retour” envers les individus, (OBIS), lesquels, à leur tour, exercent une sorte de feed back sur le milieu terrestre. Ces produits culturels se comportent dans le biotope de la civilisation, qui est la base d’un possible dialogue entre soi et…Tout, absolument Tout le reste. Mais, plus qu’un dialogue, c’est une extraordinaire perception intérieure. Par la LUCA l’imprévu est saisi comme prévisible ; le mal laisse entrevoir le bien ; le statut de citoyen laisse en évidence ses artifices…Tel rêve peut apporter un enseignement pour telle démarche ou épreuve à accomplir....
Plus précisément, la Loi Universelle des Correspondances Adaptatives, fait du corps une source énorme de savoir, un contenu d’abondance, une caverne d’Ali Baba, un instrument magique. Notre corps est notre centre d'information contenant tout ce que nous devons savoir et faire au cours de notre vie; il est un univers microscopique extraordinairement plastique et sensible, complexe, contenant mille fois plus de molécules que l’Univers ne contient d’étoiles ! Cela se révèle à partir simplement d’une prise de conscience si évidente qu’on n’y pense pas, et qui est que notre corps, principal outil de l’être, de l’avoir et de l’action, voit ses correspondances énergétiques, fonctionnelles, matérielles et psychologiques projetées dans ce qui, précisément, nous sert de cadre de naissance, de développement et de reproduction : la société, la région, la ville, le village où l’on existe.
Homo sapiens est le seul organisme vivant, la seule espèce qui participe concrètement à l’organisation de ses biotopes qui sont culturels et ceci par une exploitation technique et systématique de tout ce qui constitue la Terre.
Ou, plus simplement dit, l’ensemble culturel concret et abstrait, est à comprendre comme un recyclage, une élaboration, comme le résultat pulsionnel historique de notre réalité spécifiquement biologique. Pour en revenir aux poupées Russes, c’est le Même, qui, depuis les plus infimes composants de l’atome jusqu’à la totalité de l’Univers, en passant par la vie et l’humain, se trouve diversifié par de multiples formes et échelles toutes contenues en une unité composite.
Mais cela est-il suffisant pour signifier avec persuasion et force que tout, absolument tout, ou plutôt chaque chose, quelle qu’elle soit, a ses correspondances dans toutes les autres choses. Symboles, idées, espèces vivantes, événements, objets, émotions, couleurs, formes, organes, œuvres artistiques… Je ne sais, au reste, trouver des mots assez significatifs pour exprimer la dimension et les corolaires que cela implique. Savoir que ce que je pense, ce que fais, ce que je touche, ce que je dis, comme ce qui m’advient, les gens que je rencontre, enfin, tout ce qui consiste à exprimer mon existence singulière, émotionnelle, affective, intellectuelle et pratique, dans quelque domaine où contexte où ça se passe, tout cela, est, se passe ailleurs, simultanément, à travers d’autres OBIS, dans des minéraux, des plantes, des insectes, des planètes, des étoiles, sous d’autres formes, dans d’autres contextes, à d’autres échelles de temps et d’espace. Ce qui se passe, aujourd’hui, dans notre civilisation, s’est déjà passé dans un très lointain passé, en Égypte, dans le Grèce antique, dans l’empire Romain; se passe également au fond d’une rivière quelconque, est écrit dans un poème ou un morceau de musique et pourrait se lire sur le tronc d’un arbre, dans la forme d’une patte, d’une aile et dans les nuages.
Ma définition d’un autre de mes concepts, la bioculturalité, fait état de descriptions similaires. Je ne sais comment définir cette sensation qui m’habite, qui me rend avide de connaissances, un savoir qui ne sert qu’à mettre des mots sur ce qui est là, totalement là, en moi, et dont il n’est nullement utile d’en spécifier la teneur, sauf, peut-être pour en parler, pour l’écrire, pour le transmettre.
Comment expliquer à mes semblables que la façon dont je pénètre un paysage, ce que je vois chez un insecte, la façon dont les goutes d’eaux se dispersent quand je me baigne, la texture d’un papier dont est fait un livre, le son des talons d’une passante qui martèlent la chaussée, me parlent de Bergson, de mes amours passées, de l’étoile Véga et m’indiquent pourquoi j’écoute telle musique à tel instant, me fournissent moult signes sur une imminente visite qui ne va pas s’annoncer ; me mettent sur la voie de quelques aménagements alimentaires. Si je suis tellement étonné de tout ce qui m’entoure, un peu à la manière d’un enfant naïf, ce n’est nullement parce que les choses me prennent par surprise, c’est parce que tout ce qui se présente s’est signalé ou s’est déjà présenté à moi, sous d’autres formes, en d’autres circonstances la veille ou huit jours plus tôt, et que je ne cesse d’en être intrigué et émerveillé. Les actualités politiques du soir, je les ai ressenties le matin, dans ma promenade au bord d’un étang en regardant s'envoler des oiseaux, dans le regard des passants que je croise en ville...
Je retrouve la mythologie religieuse, l'union magique collective quand j’assiste à des spectacles, des concerts. Par ailleurs certaines paroles de certaines chansons populaires sont d’une incroyable profondeur philosophique…
Je pourrais ainsi écrire tout un livre sur les Correspondances, mais c’est au fil du présent ouvrage que je tenterai d’insister plus particulièrement sur les Correspondances entre le corps et la culture qui promettent des possibilités d’ajustement de part et d’autre extrêmement prometteuses. Le présent descriptif étant limité à la seule présentation des concepts, il sera loisible au lecteur désormais orienté, de faire ses propres exercices de mises en correspondances, ses premiers véritables liens entre des sujets, des choses et des thèmes qui, officiellement n’ont rien à voir les uns avec les autres, et pourtant…
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