Fondements culturels des configurations de la conscience cognitive et morale de la civilisation occidentale. Analyse et ressorts des mentalités du monde globalisé. Les relations et comportements humains, les rapports humain/Nature, les traces et stigmates de l'Histoire de nos sociétés. Les limites de la croissance industrielle. L'écologie ,l'évolution et l'avenir du monde...
samedi 12 juillet 2008
Cannes, en Avril 2005.
Je m’explique: ce n’est point le fait d’avoir toujours été ce que je suis qui forme la singularité de mon état, mais bien le fait d’en être informé, conscient, et de pouvoir me le dire. Il s’agit de mon identité profonde, intrinsèque. Elle se situe au-delà d’autres paramètres plus accessoires comme le stipule ma carte d‘identité; ou le fait d’être un citoyen français, un professionnel travaillant dans une branche x; un mari; un père de famille; un individu ayant ses loisirs, ses passions, ses rejets; une personne avec ses caractéristiques relationnelles, qui cherche à s’adapter à son environnement ( comme tous les êtres vivants de notre planète ). Oui, mon identité intrinsèque est bien plus profonde que ces paramètres de pure circonstances. Et mon être le plus total n’a eu de cesse que de me faire poser cette question: que suis-je ? A cette impertinente question, je n’ai cessé de travailler, tel un forcené, un esclave. .A l’approche de mes 60 ans, je peux affirmer que je n’est fait qu’être proprement harcelé par cette question, laquelle durant ces très longues années, n’a jamais dit son nom ( ses motivations )et qui s’est cachée, travestie en de multiples formes et plaisirs pour mieux me manipuler.
A vrai dire et je dois l’avouer, je n’aspirais qu’à être une “machine” simple et ordinaire comme tant d’autres, et quelque chose en moi a très tôt cherché à se défendre, à résister à cette condamnation à vie. Mais cette résistance n’a fait que m’asservir d’avantage. Dans mon souci de réprimer une marginalité encombrante, j’ai mené une existence des plus ordinaire, des plus banale et mon comportement est des plus conformiste. Je n’ai jamais rien réalisé qui fusse susceptible de me distinguer du reste du troupeau . Je suis un citoyen d’une totale transparence, dans un anonymat absolu. J’ai cependant taché, imprégné quelque peu les milieux, les groupes et autres collectifs où j’ai été parachuté. Ainsi, trempé jusqu’à la pointe de mes cheveux ( devenus rares )dans cette fange, ce riche fumier qu’est notre civilisation , il m’a fallu être là où le miroir ne pouvait qu’être le plus incisif, le plus frustrant. Pourquoi suis-je encore vivant et en bonne santé ? Parce que ce que je suis fait pour vivre le temps nécessaire jusqu’à ce que je sorte mon jus, comme tous mes semblables. En fait je suis un ingrédient culturel. C’est pourquoi, je ne suis jamais tombé aux fins fonds d’une névrose suicidaire.
Pourquoi suis-je en train de vous écrire? Pourquoi cette rage aimante est-elle en moi toujours aussi vivace? Parce qu’à présent, enfin j’ai compris!
C’est à travers vous mes semblables que ça a cherché, au travers de mon faible corps. Et c’est par la connaissance de ce que NOUS sommes, par cet incessant va-et-vient de réciprocité entre ce qui est moi et le reste du monde, que c’est venu en ma conscience. Je sais que nous n’existerions pas sans la machinerie culturelle, historique, guidant nos comportements, nos “choix”, nos actions individuelles et collectives. Au-delà du fait que l’homme est un système sur 2 jambes, un mammifère sophistiqué, je sais ce qui nous construit, nous matérialise, et la raison pour laquelle nous ne savons pas ce que nous faisons en tant qu’acteurs de nos sociétés, ce qui est un comble !
Il ne faut pas vous attendre à ce que je vous dise: voila, c’est ça, ça fonctionne comme ceci, comme cela, et voici comment il faut s’y prendre pour être plus forts, plus intelligents; pour s’affranchir de la souffrance, etc... Même si je le voulais, même si j’inventais un mot, une de ces formules qui font tilt, cela ne serait d’aucune efficacité car au mieux, vous contesteriez, vous refuseriez la vérité. Vous diriez ces mots usés, comme : nul être humain ne peut prétendre détenir la Vérité ou ce qui serait considéré comme tel. Vous résisteriez, tenteriez de me mettre sur la touche, de m’évacuer dans vos corbeilles où vous avez l’habitude de jeter tout ce qui pourrait vous amener à remettre en cause les mécaniques animant et contrôlant vos biochimies intérieures. En tout état de cause, cela serait tout à fait normal, disons... naturel. Cependant vous ne pouvez empêcher le fait d’être hantés par cette vérité, à travers toute cette mythologie qui coule dans nos veines, à travers Dieu. Mais comment relier le mythe à nos occupations les plus triviales, les plus matérialistes, les plus mesquines?
En fait, nous ne cessons d’être en complète contradiction entre cette bestialité qui se traduit dans nos comportements les plus quotidiens et, ce que nous nommons nos croyances
en une chose supérieure et noble, qui dans sa supériorité impuissante...? indifférente ou cruelle...? nous laisserait patauger dans notre barbarie et notre monstruosité...?
Un dieu qui accepterait notre génie industriel et technologique de singes sans poils, sur le point de conquérir la planète mars? Un dieu qui laisserait tout détruire; tout ce qui n’est pas de l’ordre de notre fière civilisation, tout ce qui ne peut plus lui être utile...? Une force supérieure qui, paraît-il nous aurait déjà noyé dans un déluge biblique, ancestral, mais qui, malgré tout, nous aurait laissé devenir toujours plus violents, toujours plus destructeurs...?
Je sais ce que les bons croyants vont me rétorquer: Dieu a prévu notre destruction prochaine et va instaurer Son royaume sur la terre! L’Apocalypse! Combien peut-il y avoir d’hommes, de femmes, prétendant penser, en 2005, pour croire en de tels contes? Mais malgré notre scepticisme face à ces ancestrales superstitions, nous devons les respecter de par l’importance des foules qui en ont besoin et ce sont les êtres humains portés par les religions de toutes sortes qui nous intéressent.
Cependant, notre faiblesse, notre lâcheté..? à propos d’une métaphysique inventée par nos consciences pour palier à nos angoisses existentielles, ne servent-elles pas de mauvaises excuses pour supporter, plutôt que les combattre, nos pulsions viles et méprisables, afin de les laisser, passivement, mener la danse de toute notre cruelle Histoire?
Les mythes fondateurs, ( Dieu en est un parmi des centaines ), sont extrêmement profitables, par exemple, chez les peuples primitifs, car ils ne font pas l’objet, dans ces cultures animistes, de fanatismes politico-religieux.
Comme je vous le disais, tout au début de mon propos, quelque chose en moi savait depuis le début Il fut pourtant nécessaire, à ma conscience, d’expérimenter les domaines de nos cultures; me frotter, me confronter, et me heurter à tout ce qui constitue nos sociétés dites évoluées. .Il m’a fallut connaître l’immense frustration et toute la souffrance de cette épreuve pour m’informer rationnellement, et être en mesure de codifier de façon juste ce savoir inné.
Soit, nous ne faisons que devenir ce que nous avons toujours été, dirons les résignés: une population infantile, pourrie par les substitutions consommatrices et technologiques aux principes de respect de l’homme pour... l’homme. Que sommes-nous devenus, sinon des sacs gloutons, insatiables? Qu’en est-il de la société des “honnêtes hommes” transformée en supermarché du clinquant et du dérisoire? Que l’on ne me dise pas que l’homme ne peut que rester à ce stade..!
Il est vrai que de tout temps nous nous sommes distingués dans une bestialité intelligente, sophistiquée, mais le fait est que la violence gratuite, le crime ludique, le mépris le plus froid s’installe, se matérialise chaque jour un peu plus. En outre, fini le temps où les anciens avaient quelque chose à transmettre. Il n’y a plus de processus de relais entre les générations. Tout ce qui n’est pas jeune, tout ce qui n’est pas new, est considéré comme ringard, méprisable, indigne d’attention, encombrant ou fichtement superflu. Quelle fonction la société actuelle délègue-t-elle aux personnes mises à la retraite? Une fonction consommatrice, qui ne peut être remplie qu’à condition que la pension soit suffisante. En fait, c’est la même chose pour les jeunes, qui doivent la considération qu’on leur porte à la valeur du marché qu’ils représentent
De fait les aînés, ( parents; adultes en général) sont voués à passer à la caisse, assister une jeunesse désœuvrée. Et si d’aventure le budget des vaches à lait ne suffit pas pour payer les djinns, les baskets et les DVD, cela rend les jeunes tout malheureux, frustrés, suicidaires, à la limite. Et les parents se sentent alors coupables. Le racket familial sous la menace de mort est virtuellement en place.
Ah, cette vieille culpabilité, qui nous châtre face à une banalisation de la délinquance; face à toutes ces malversations devenues si quotidiennes, qu’elles sont considérées comme justifiables par un discours politico-maffieux qui, de même que le grand bazar mondial, ne voit en la jeunesse qu’une “clientèle électorale“. Nous sommes une civilisation de coupables écouillés, c’est un fait historique. Cette ancestrale et culturelle culpabilité de barbares honteux, nous accompagne depuis des milliers d’années.
Comme je vous le disais au début de mon propos, quelque chose, au fond de mon être savait, dès le commencement de ma vie. Il fut pourtant nécessaire à ma conscience d’être confirmé, d’être heurtée à ce qui constitue notre culture et ses schèmes. Mais surtout il a été nécessaire que j’y mette les mots que tous peuvent comprendre, car nous n’existons pas sans le verbe chez nous, et les vocables sont également des éléments constructeurs de l’organisme. Mais ceci est un prochain sujet(3).
A présent, je connais les mots et les maux de notre société, comme tous mes semblables, mais en ma qualité de dissident bioculturel(4) je ne peux réprimer ma révolte qui, bien entendu se justifie dans sa fonction informatrice. La dureté de cette épreuve sociale est à la mesure de la codification qu’elle provoque.
A l’heure actuelle, ce qui se dégage de nos sociétés occidentales, elles-mêmes totalement ébranlées par une systématique politico-agressivo-économique qui s’épuise, se referme sur les individus ( les occidentaux eux-mêmes), les écrase sous une pression irréversible. C’est comme un spectre hideux que j’ai vu forcir, s’assurer d’année en année. Le spectacle lamentable de l’incapacité de toutes nos institutions ( gouvernementales, administratives, familiales, éducatives... etc...) à répondre à une régression dans les modes relationnels et comportementaux me fait horreur, tel un tsunami culturel.
Que sommes - nous devenus sinon une société infantile, pourrie par les substitutions technologiques aux bases du respect de l’homme pour l’homme ? Nous avons des comportements de consommateurs gloutons et nos egos sont obèses. Supermarché dérisoire, où les contrefaçons se vendent comme des petits pains pour faire chic sans en avoir les moyens.
Le mépris le plus haineux s’installe chaque jour un peu plus, avec son cortège de faits divers.
Un monde sépare les générations. Il s’est développé un besoin de trouver un sens tangible à tout ça, or nous n’avons pas de repères. Un sens qui ne se réduirait pas à la barbarie individualiste, égocentrique nous guidant vers des ambitions dans les hiérarchies sociales. Cette compétition du fric, de la persona, ne fait pas de nous des humains mais des créatures cannibales de notre âme, car... l’âme est matière. Il s’est construit dans notre civilisation des valeurs de plaisirs sensuels prioritaires car il a bien fallu s’affranchir, se libérer des interdits où seul le travail était considéré comme respectable. Le sens qui est donné à nos vies, actuellement, est la jouissance sous toutes ses formes : sexuelle ou purement corporelle; jouissance par le confort; jouissance de pouvoir acheter, s’enrichir... Épicurisme ? Hédonisme ? Sans doute et plus encore. Société pornographique, voyeurisme, “lookisme”, tapage et provocation où n’existe que ce qui se montre et se fait entendre. Il faut parler haut et fort en ville, au travail, pour dire : attention je suis là, j’existe. On va même jusqu’à tuer pour se donner l’illusion d’être. Athènes, Rome... Durant l’antiquité nous étions ainsi que nous sommes aujourd’hui mais, sans la puissance technologie.
Alors quoi ? Vous pensez qu’il faut régresser, être contre les sciences, contre l’industrie et l’argent ? Contre tout ce qui fait que nous sommes en 2005 avec notre histoire de barbares derrière nous ? Nous ne pouvons nier que nous sommes parvenus à ce type de système par une évolution culturelle, même si nous nous n’avons pas pensé cette évolution.
Il n’y a pas lieu de juger cette réalité, ni de nous condamner à rester au ras des pâquerettes jusqu’à ce que nos propres machines ne nous détruisent. Savez - vous en quoi nous sommes différents des animaux ? Non vous ne le savez pas, et aucun spécialiste en la matière n’a su répondre à cette question importante. Voici la réponse : un zèbre, une oie ou un cachalot sont incapables de construire un vaisseau spatial pour pouvoir atteindre la planète Mars.
Cependant aucun homme, aucune femme ne le peut davantage, car seules de multiples équipes très hautement spécialisées peuvent mener à bien un tel programme, qui en réalité représente un aboutissement d’une progression qui bien qu’en accélération depuis 1 siècle, date de plusieurs milliers d’années. Aucun savant, aucun astronaute n’est capable de contenir ces milliers d’années de notre histoire technique et scientifique. Aucun individu ne saurait être, sans les liens qui le connectent à ses semblables. Nous sommes une mémoire, un gigantesque ordinateur à l’échelle planétaire, un ordinateur biologique et sensible certes.
Après toutes ces années où je me suis déversé, répandu, vidé, privé à jamais de cette élégante légèreté qui fit mon enfance, j’ai fini par trouver. J’ai perdu ma liberté et suis devenu cette bête de somme qui n’a plus d’autre choix que produire. Mais je sais maintenant que certains individus ne vivent pas gratuitement comme un artisan, un technicien ou un peintre ordinaire. Je suis né avec un savoir qu’il m’a fallu mettre en forme, pour l’accoucher. Cela m’a demandé 50 ans, et j’ai réussi à établir des connexions insoupçonnées. Mon travail n’est pas tout à fait du domaine philosophique, ni non plus scientifique, plutôt proche de l’art, mais si Platon et Kant avaient pu savoir ce qui m’anime ils auraient multiplié par cent leurs réflexions. M. Planck et A. Einstein auraient été beaucoup plus loin dans leurs théories. Picasso, Dali et Rambrandt n’auraient peut - être jamais peint. Mais avec des “si” tout serait différent et je n’ai pas le goût de ces extrapolations inutiles. Je sais parfaitement ce que de tels propos peuvent inspirer. C’est un fou, dira-t-on de moi. Eh bien ! si cela vous contente, allez - y, mettez moi cette belle étiquette. Je trouve qu’elle me va à ravir. Bien sûr que je suis fou en ce monde-là et j’en suis absolument fier ! Et si je considère ceux que je vois comme de véritables déments ( ayant émaillé de leurs méfaits toute l’histoire de l’humanité ) avaient été considérés comme tels, comme véritablement dangereux, cela aurait signifié que ce monde dans lequel j’ai été exilé, aurait été à mon image. En tout état de cause, il y a plein de fous qui ont parfaitement réussi. Qu’est - ce qu’un artiste, selon vous, qui passe tout son temps à dessiner et à peindre, à chanter comme les oiseaux, à écrire des pages et des pages ? Alors que des millions de braves types, et des ouvrières d’usine produisent des choses utiles et pratiques. Quand des médecins s’efforcent de guérir les malades ? Pendant que les épiciers et les électriciens font un vrai travail? Les épiciers, les électriciens, les médecins, sont tout à fait normaux, je vous l’accorde. Ces catégories de citoyens sont trop équilibrées pour perdre leur temps à réfléchir, à être obsédés par des questions, des idées, des concepts du genre : Qu’est - ce - que la vie ? Que suis - je ? Tiens voila un O.B.I.S ( 2 ) pourquoi cela existe sous cette forme ? Je suis vivant et comme moi des milliards d’êtres humains qui s ‘accouplent et font des enfants pour les donner à ce monde -là. Il faut être complètement fou pour consacrer 50 années de sa vie à chercher des réponses, inlassablement. Où chercher ? Mais... dans les gares et dans les rues; dans les hôpitaux, les écoles et les casernes; sur les terrains de sport et dans les bibliothèques; dans les administrations, sur les affiches de pub, dans les galeries et les salles de spectacles; en pédalant sur un vélo pendant qu’on souffre pour monter les côtes; en traversant des forêts et en pêchant à la ligne. En assistant à la naissance de ses propres enfants; en lisant les horreurs quotidiennes dans les journaux, en payant ses impôts, en conduisant sa voiture; en voyant vieillir et partir ceux qu’on aime; parents, frères, sœurs et amis. Rien ne m’a jamais paru “normal”. Tout est question et rien ne m’a jamais paru comme dé-fi-ni-ti-ve-ment acceptable en l‘état. Il a bien fallu aussi que je doute de moi - même pour devenir conscient de ce que ce foutoir chaotique représente.
Dans un ordre général, il me semble déceler comme une énergie angoissée à la racine de ce que j’appelle l’état d’esprit propre au questionnements et aux sciences. Ce besoin de trouver des réponses, de voir ‘ ou de comprendre, le sens que pourrait contenir, intrinsèquement, la vie humaine. Également, développer nos capacités de contrôle des forces de l’univers. Cela correspond à une recherche de paix intérieure et d’équilibre. Les incertitudes ( ou... certitudes ) à propos de la mort, ce sentiment d’impuissance qui cherche sans repos sa compensation. Quant aux catégories chez lesquelles cet état d’esprit est absent, elles ne sont point épargnées par l’angoisse ( inhérente à l’être humain) de l’Etre-vivant. Les façons de compenser, matérialiser l’aspect dérisoire de notre vie, y sont exprimées différemment. Il ne fait aucun doute pour moi que notre imaginaire et notre créativité dans tous les domaines de la civilisation, est notre réponse au sentiment d’impuissance qui caractérise l’être humain parvenu à maturité. Cette créativité est très motivante, lorsqu’on sait toute la volonté et l’espoir que le goût de créer engendre, il n’y a ici qu’un pas reliant la mort à la vie; la boucle est bouclée. C’est par la création que finalement, l’homme - espèce dépasse l’homme-individu.
Le but de cet ouvrage : donner les premiers éléments d’information comportementale vers une valorisation du potentiel humainement noble. Faire accéder une majorité de personnes à la beauté de la matière, à l’intelligence de l’univers, de la vie terrestre et au-delà de notre planète. Alléger la souffrance inhérente à l’ignorance de cette beauté qui n’est pas intégrée dans les civilisations. Cette souffrance dont nous sommes pétris n’est pas une fatalité, il est possible de la transcender. Dans l’occident d’aujourd’hui, maintes démarches vont dans le sens de cette idée de transcendance. J’ai beaucoup de respect pour les concepts de tradition orientales et asiatiques, dont je me sens proche, mais je suis un occidental. Ces cultures ne signifient pas grand chose pour celui qui veut vivre dans un bain collectif riche et motivant. Ma culture est faite de sciences, de technologie et d’urbanité électronique. Ce n’est pas en faisant za-zen que l’occident peut “ voir “ et répondre à sa problématique. L’occident est analytique et matérialiste, il n’est pas mystique, il n’est pas spirituel; il est religieux et guerrier. Ceci dit, se relaxer en de profondes respirations, les exercices de yoga ne peuvent faire que du bien, et de toutes les façons il ne faut point se cacher que cette... gymnastique, lorsque celle-ci réussie, ne fait que nous permettre d’être occidental avec plus d’efficacité !
J’ai cherché à élaborer des concepts ajustables à l’occident tel qu’il est et là où il en est au plan de l’évolution comportementale. Je crains cependant d’être mal compris et je sais que les références culturelles font défaut. C’est comme si je cheminais à travers des schémas originaux et personnels, très difficiles d’accès pour ceux qui n’ont pas les clés. Ces clés, je m’efforce de les signifier dans mes écrits. On pourra me reprocher mon hermétisme et ceux que mon étrangeté inquiètera me considéreront comme un poète qui devrait écrire des romans de S.F, ( à cause de mon goût pour les sciences ) ou bien comme un psycho qui ne décrit que ces délires abracadabrants. J’ai un énorme travail pédagogique à faire.
le 11 Fév.2005.
Le nom de la Tige.
Pourquoi cette difficulté à répondre simplement à cette fondamentale question :
Quel est le but de mon ouvrage ?
Révéler ? Expliquer ? Démontrer ? Convaincre ? Rassembler ? Motiver ?
Donner un but, un sens, un espoir à un maximum d’individus ?
Tout cela à la fois sans doute.
Mais révéler quoi ? Expliquer quoi, et comment ?Convaincre qui en particulier et en priorité? Motiver, rassembler, sous quelle forme? Dans quel contexte ? Révolution ? Quoi ?
La société ? Les comportements individuels ?
Et le but, le sens, l’espoir, si tenté qu’une majorité de personnes en demande ( ce qui n’est pas sûr ), comment le construire, et surtout l’inscrire dans le quotidien de chacun ?
En outre, comment me situer dans ce travail qui m’exprime, me révèle, m’explique et me justifie en tant qu’écrivain ? Cet exercice motive l’être vivant que je suis et la passion que j’y éprouve donne un but esthétique à ma propre vie. Toutes ces pages que je remplis avec naturel comme une respiration, depuis tant d’années... Personne n’a pu les lire, puisqu’elles n’ont jamais été publiées, sont comme des toiles, des tableaux qui ne seraient jamais sorties des secrets d’ un atelier de peinture.
Ai - je vraiment quelque chose à transmettre à travers cette sorte de “ nirvana douloureux “ dans lequel je baigne?
Nirvana, parce que je ressent tout le délice de ce qui m’habite en termes d’images, de pensées, de concepts, et douloureux parce que je me perçois comme un moine mutant, un individu d’une espèce frontalière entre le fumier culturel, historique, ( si bon, si chaud, si fort ), et la rose bien enracinée et nourrie, cette fleur aux parfums inouïs, suspendue dans l’espace. Je suis de l’espèce de la Tige souple et vivace, intermédiaire et canalisante, pleine de vivacité et ... pleine d’épines...
Ce livre je le veux parcours entre le fumier et la rose, entre le passé - présent et le présent - futur. Parcours douloureux pour le lecteur, blessant, Ascension qui fait couler le mauvais sang , au terme de laquelle l’âme purifiée rayonne dans l’espace- temps humain. Solitude frustrée que celle de la Tige qui ne peut donner qu’en faisant mal et qui ne reçoit donc aucun amour. L’échec commercial d’un tel livre est d’ores et déjà avéré à l’heure où je pose cette réflexion un peu lyrique et où mon ouvrage n’est encore qu’un monceau de feuillets épars. Mais mon travail n’en est rendu que plus motivant de par son exigence même que je sais être la condition sine qua non de la réussite.
On ne s’étonnera pas du fait que je me suis toujours senti un peu frère d’un certain exemple historique, d’un homme dont le parcours utopique et mystique s’est terminé dans une immense douleur, le crâne, les mains et les pieds transpercés par des épines et des pointes bestiales et barbares. Une douleur non pas spécialement et uniquement physique mais aussi morale car sur la croix de son supplice, Jésus a compris qu’il avait été sacrifié pour rien.
“ Mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? “, Sous-entendu : Pourquoi n’ai je pût être efficace à travers ma vie, mes discours et mes démonstrations pour faire changer à l’homme son comportement ? Pourquoi ma foi n’a-t-elle pas suffis ?
“Pardonnes-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font”, sous entendu : la barbarie est inscrite dans la machinerie culturelle et organique de l’homme de la même façon que l’instinct de survie est inscrit dans le comportement des animaux. Ces derniers sont tellement confondus avec leurs réflexes, qu’ils ne peuvent en détacher la moindre parcelle de conscience critique.
L’individu humain n’existe pas hors sa culture, et il ne peut donc être jugé responsable de la manifestation, au demeurant fort critiquable de ce qui le construit. Tout un chacun pourra éventuellement être choqué de cette soi - disant absence de critique car, sapristi! Nous savons quand même ce que nous faisons ! Nous ne sommes pas des enfants ! Soit, mais dans la véritable conscience critique, il n’y a pas de séparation, de vide entre ce que l’on est capable de savoir, de se le dire, ET les profondeurs de notre organisme. En temps ordinaire la conscience du Mal reste très superficielle et se heurte à la programmation culturelle pour se traduire dans une formulation très commode : Nous ne sommes, ni ne serons jamais parfaits et cela justifie le fait de nous résigner à ne faire aucun effort. On voit ici une pirouette pernicieuse où, ce qui dans notre comportement collectif pourrait, devrait être amélioré, est laissé comme terre en friche. C’est exactement comme lorsqu’on dit “ à quoi bon se laver puisque de toute façon on est sale!” ou bien,” à quoi bon apprendre à lire, puisque de toute façon je ne lis jamais” ... Dans ce volte-face, nous mettons insidieusement la charrue avant les bœufs uniquement pour bloquer la possibilité technique de retourner notre champs; pour excuser notre paresse. Mais cette paresse-là est en réalité le signe d’une impuissance, d’un vide culturel relatif à ce qui serait un comportement différent, dont nous n’avons aucune idée, puisque le seul schéma culturel formant une alternative à notre bestialité, est cet Amour Universel, cette compassion où l’ego s’évapore, et qui est proprement inapplicable à grande échelle. Ce clivage là, entre autre, a été très vite occupé par l’autorité politico-religieuse qui à imposé son dogme principal, disant que seul Dieu Est Amour, et que tout ce que doit faire le commun des mortels est de se repentir, Lui demander pardon.
Quelle valeur peut-on décemment accorder à ce comportement de pardonné chez lequel la faute serait systématiquement effacée, amnistiée, au fur et à mesure qu’elle continue à être commise, par cette fort commode miséricorde du Tout Puissant ? Ce qui justifie le pardon, ne doit-il pas se trouver dans les signes tangibles et quantifiables d’un réel changement comportemental ?
Lorsqu’un enfant a fait une bêtise, et qu’il a bien compris l’explication de sa mère, de son père, pourquoi reproduit-il la même sorte de bêtise 2 jours plus tard ? Parce que la bêtise est programmée dans son corps et qu’elle est l’expression de sa liberté animale ( du corps ) dont il est l’instrument. Pourquoi Jésus, le révolutionnaire a-t-il été crucifié avec l’accord de la population d’alors ? Parce que son message ne cadrait pas avec les paramètres culturels de l’époque et ne cadre pas davantage avec aujourd’hui, puisque rien n’a changé. Pourquoi tant de choses ont changé dans cette fixité comportementale barbare? Parce que nous avons cultivé, raffiné, complexifié la barbarie originelle, en lui adjoignant une formidable puissance technologique, au lieu de travailler à une élévation noble des relations humaines. Qu’est ce que la société? C’est un pouvoir historique qui pèse d’un poids écrasant sur les êtres humains qui la compose, et son pouvoir est directement proportionnel au carré de l’ignorance de ces mêmes individus. Il faut entendre par le terme ignorance employé ici, une signification d’insouciance.
Fondements culturels des configurations de la conscience cognitive et morale de la civilisation occidentale. Analyse et ressorts des mentalités du monde globalisé. Les relations et comportements humains, les rapports humain/Nature, les traces et stigmates de l'Histoire de nos sociétés. Les limites de la croissance industrielle. L'écologie ,l'évolution et l'avenir du monde...
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