mercredi 30 avril 2008

Le profane et le jardin du savoir.

Je suis un profanateur du savoir autorisé des spécialistes. Tel un lombric tortilleux dans le compost parfumé des publications, je creuse avec délice et me repêts à satiété de ce que le corps scientifique et philosophique ont contribué à déverser dans les librairies et bibliothèques ouvertes à tous. Je suis un ver réfléchissant peu…à peu.

Comme je l’ai précédemment évoqué, la conscience, dans ma théorie de la bioculturalité, (de l'OBIS), fondée sur son axiome, la LUCA, Loi Universelle des Correspondances Adaptatives, représente, pour l'homo civilisatus, l'équivalent fonctionnel et adaptatif, de ce qui sert d’instinct à l’animal dans sa niche écologique. La conscience n'est pas un organe, c'est un processus issu d'un système dynamique interelationnel comprenant le corps et son histoire, à travers l'Histoire des communautés humaines. Entre autres exemples, les cas avérés d' enfants ayant été découvert, vivant en pleine nature, de façon autonome et loin de toute influence culturelle, dont les comportements sont en tout point conformes à ceux de l'animal, forme la preuve que la notion de l'être humain chez homo sapiens, n'a de sens que dans le cadre culturel (1). Cette ontologie s'inscrit par conséquent dans un processus d'interactions et de relations entre l'anima (2) du système organique (propre à tout être vivant) et les codifications de l'environnement culturel sociétal. Par ailleurs, les animaux familiers de l'homme vivant en permanence dans le monde humain, n'ont pas pour autant des comportements humains. Si l'animal humain peut faire un citoyen adapté culturellement dans la société, c'est bien qu'il possède quelque chose que ne possèdent pas les autres espèces vivantes. Quelque chose qui lui a été transmis par ses ancêtres hominiens préhistoriques, que j'appelle le Moi Identitaire Mythologique, le MIM. Ceci est le terme comportemental, il ne décrit pas la ( ou les ) structures physiologiques qui font que le mammifère humain, par l'intermédiaire de son MIM, est le créateur instinctif d'un monde culturel parallèle à la Nature. Pour l'heure, ces structures nul biologiste ne les a déterminé et pour cause, la science (tout comme les autres disciplines culturelles) ne regarde pas homo sapiens comme n'importe quelle autre espèce dans le contexte global de l'évolution, et ne voit donc que l'être humain qui lui, est un pur produit mythologique. En outre, les habitudes mécanistes tenaces, cantonnent les observations des systèmes individuels, dans des points de vue impossibles en les séparant de leurs cadres relationnels. C'est comme si l'on voulait expliquer l'éléphant, le décrire et le comprendre, sans avoir jamais vu un éléphant et qu'ayant trouvé un bout d'oreille de ce sympathique pachiderme, on l'examine dans un laboratoire. Tant que l'objet n'est pas compris comme une pièce, une partie d'un processus, rien ou presque de ce qui le structure, le compose, ne peut nous être dévoilé. Mais l'idée que l'homme est un grand inconnu pour lui-même n'est pas nouvelle, n'est-ce pas?

Notre organisme, en particulier le système nerveux, et a fortiori notre cerveau où est censé siéger la conscience, c'est-à-dire notre instinct animal auquel se surajoute le MIM, ne fonctionne point dans le milieu originel où vivent les loups, les lions et les castors, mais dans la « jungle » complexe des interactions sociales formant en quelque sorte le biotope culturel. Ainsi, l'OBIS doit se comporter avec sa bioculturalité afin, si possible, de faire mieux que survivre. Il doit s'adapter à la pression, aux contraintes de l’environnement social auquel d'une part il contribue, et à partir duquel il devient dans la mobilité temporelle. Il s'agit d'une action transformatrice réciproque entre individus et collectifs (3).Que nous soyons voleurs à la tire, trafiquants de produits illicites, escrocs de "haute futée", employés de bureau ou archiprêtres, nous faisons tous la même chose, en tant qu'organismes vivants dans la synergie de l'évolution. En tant que produits de cette évolution, nous la servons tous également. L'Univers se moque de la notion de "bien" et de la notion de "mal". Il se moque de la souffrance de la condition humaine; on le constate dans l'histoire de l'humanité. L'Organisme Biologique Identitaire et Sensible a certes des capacités de recycleur, mais il est actuellement démuni face à la souffrance engendrée par les pressions énormes de son environnement collectif. Il ressort ici que nous ne sommes pas du tout si... conscients que l'on veut le croire, et, en tous les cas ce dont nous sommes censés être conscient est la plupart du temps, surtout le reflet de nos... sélections perceptives filtées par notre MIM et donc plus ou moins profondément inconscientes et subjectives! Ce milieu comportemental, biotope culturel, nous apprenons à le connaître depuis notre enfance et plus nous nous imprégnons des codes, des règles, des usages, des clés relationnelles, des traditions et des techniques, plus la société est… disons, nourrissante. Etre humain cela signifie conformer nos instincts d'animal à la nécessité coopérative et à la solidarité culturelle. C'est aussi, bien sûr, la capacité d'Amour avec un grand A, c'est-à-dire la capacité sentimentale et non pas d"émotion.

Lorsque je parle en fait de l’inscience dont est forgé notre corps et surtout notre système nerveux, notre cerveau qui possède quelque chose que l’animal n’a point, et qui est le Moi Identitaire Mythologique, le MIM, je donne une définition personnelle de ce jeu relationnel triangulaire entre le corps, le culturel et l'évolution. L'animal n'est point inscient. Il est vrai que les dauphins, les fourmis, les hirondelles ou les antilopes n’ont aucunement besoin de mettre du légendaire et des héros, nul besoin de totems, ou d’instituer des dieux, entre eux et la nature, ou les éléments. Quoique… Il faut bien quelque chose qui relève du culturel pour cohérer les individus appartenant à une communauté de babouins, par exemple... Mais si l'on doit admettre un processus culturel chez les animaux sociaux, le phénomène mythologique est quant à lui, La particularité singulière et unique d’homo sapiens. Je me plais à dire, à ce propos, que le tout petit 2% qui différencie le génome de l’homme de celui du chimpanzé c’est précisément cette fantaisie mythologique. Le mythe étant l’élément moteur de toute organisation collective dont la démographie dépasse l’échelle familiale. Il me semble évident que la génétique telle qu'on l'entend aujourd'hui ne peut expliquer le Moi Identitaire Mythologique, créateur du cadre culturel. Un cadre, qui en outre, se complexifie sans cesse, et qui, par voie de conséquence complexifie les comportements des OBIS ainsi que leurs MIM. Nous allons voir comment la croyance fantasmagorique s'est développée à partir de nos ancêtres et a contribué à structurer, informer notre biologie, et donc notre MIM créateur de culture, pour qu'il devienne ce formidable outil du recyclage de la Nature.

Déjà, dans les temps préhistoriques, et très longtemps avant les premières civilisations, c’est par le MIM, que l’individu humain, OBIS, animal religieux, plus que politique, se cherche dans son environnement naturel. ( Freud dit que la fonction de son moi est de se percevoir en tant qu'être). Mon MIM à moi, ( appréciez le "moelleux" de cette redondance de m) il est identitaire par rapport à sa relation au milieu et y cherche à se faire écho. J'avanve que le MIM est l’outil psychologique par lequel les individus élaborent sur le mode mythologique les structures matérielles et morales des systèmes culturels. Je rappelle au passage, si besoin est, que j'emploie le terme culturel dans le sens de moule des interactions sociales, processus de transmission des codes et des traditions les plus diverses.

Les Océans Spatio Temporels du Mixage dans les Relations Interhumaines, que je développerai dans un texte consacré à ce sujet, ces OSTMRI ou Lost Emery (c’est plus sympa et se retient mieux) forment le théâtre, dans le sens littéral du mot, de la comédie symbolique des interactions sociales . Dans ce bain, dans ce contexte culturel, et donc comportemental, l’OBIS y est imprégné, telle une éponge bioculturale: corps et MIM. Rappelons qu'un Lost Emery national donné, comme la société Espagnole ou Danoise, par exemple, est bien entendu constitué de micros Lost Emeries régionnaux, citadins, de quartiers et de familles.

Tout ceci ne sera sans doute pas très limpide pour le lecteur et peut ressembler à un délire inutile à l’épanouissement de l'individu. Afin de bien se situer dans la notion de MIM, quasi fondamentale, pour ainsi dire, structurelle du SNC (Système Nerveux Central ou cerveau) de l'OBIS, il est préférable de ne pas se focaliser sur le monde, les sociétés à l'Occidentale actuelles, mythologisées à outrance, par des millénaires civilisateurs, mais de penser aux peuples dits primitifs, et de se projeter dans notre lointain passé évolutif, à l’époque où les congénères de la petite Lucy, tentaient d’exister et de prospérer dans quelque savane africaine, il y a 3,5 millions d'années d’années environ. A une époque où il n’y avait pas encore de temples, pas d'assurance anti prédateurs, pas de statuts sociaux boucliers; quand les techniques, les industries, se limitaient peut-être à la confection de quelques formes d’abris précaires, de quelques instruments de bois, de pierre ou d'os… A une époque où nos ancêtres étaient face à la nature, sur le même plan que les autres espèces. Les australopithèques n’étaient plus ou presque plus des singes arboricoles. Ils n’avaient pas la force et la stature des prédateurs carnassiers. Ils n’avaient pas les formidables atouts des insectes, ni les avantages des petits mammifères furtifs. Ils n’étaient sans doute pas des prédateurs et ils se nourrissaient de cueillette, et autres racines et de bestioles proteinées. Peut-être savaient-ils attraper des poissons et autres crustacées ou coquillages. La famine n’était pas leur problème, car leur condition les poussait à adopter une alimentation très variée, mais ils étaient très défavorisés anatomiquement pour se défendre. En somme, je les imagine comme sans cesse aux aguets, entraînés à l’écoute des moindres bruits et guettant les moindres signes d’un quelconque danger climatique ou environnemental. Le Danger était partout, le Danger c’était l’environnement dans sa globalité écologique. Et cette émotion d'omniprésence maléfique environnementale a été déterminante dans les héritages phylogénétiques du mystérieux ancêtre commun (environ 7 millions d'années). Mais là, c'est mon côté néo lamarckien qui s'annonce... Nous verrons cela un peu plus tard.

Il a dû y avoir énormément de drames, de pertes pour ces hominidés mesurant un peu plus d'un mètre et qui ne devaient pas courir très vite. La capacité à se reproduire de ces êtres fragilisés par leur état évolutif intermédiaire, il a fallut qu’elle soit très forte pour ne pas disparaître de la grande scène de la vie.

Ainsi, très vite, il leur a fallut développer une chose que les autres espèces n’avaient pas, un peu comme un sujet qui, parce qu'il présente un handicap, développe une capacité sensorielle à un niveau très au-dessus de la moyenne. Je veux parler d’imagination et de communication. Les australopithèques ou ceux qui leur ont succédé, sont devenus les plus grands voleurs organisés, fouineurs, imitateurs, de ce monde alors. Ils ont été les plus rusés, et aussi les plus intrépides, les plus "fous", les plus mobiles. Pour se faire, ils oeuvraient par groupes très structurés et étaient parvenus à développer des stratégies extrêmement fines pour détourner l’attention de leurs « victimes ». Ils ne tuaient pas, n'affrontaient pas directement des animaux plus forts ou plus rapides ; ils les trompaient ; les attiraient dans des pièges ; ou ils les détournaient de leur butin de chasse. Nos ancêtres ont appris à imiter des centaines de bruits, de cris et de grognements et ce jusqu'à homo erectus, avant l'arrivée d'homo sapiens. Des centaines de milliers d'années avant Croc Magnon, ils furent déja, les artistes, les techniciens de la nature. Ils ont été dans l’obligation de cette élégante créativité héroïque, pour ne pas disparaître et se passer le relai pour porter l'évolution jusqu'au monde actuel. Ils n’ont pas cessé d’inventer, de mémoriser, et aussi d’être à la fois très solidaires entre eux et de se tromper, de se ruser les uns les autres, à l’occasion. L'imagination et la technique, ainsi que des systèmes de communications par signes, par le son, furent la condition sine qua non de l'apparition de Néandertal et h.sap. Et cet individualisme a servi, sans doute, à développer, à affiner leur capacités adaptatives.

Cependant ces lointains prédécesseurs d’homo sapiens, qui ont ouvert, si l’on peut dire, la voie mythologique, par un comportement sémiotique, je veux dire celui des signes, des codes, des secrets et des mises en scènes stratégiques; le comportement modélisateur, concepteur pour mettre en place toute sorte de leurres et de représentations symboliques; créer de fausses empruntes; mélanger les odeurs pour mieux duper les autres animaux et profiter des produits de leur chasse. Au fond, durant plusieurs millions d'années les capacités de communication intergroupale , d'imitation et de manipulation de la nature ont eu bien assez de temps pour se parfaire et se complexifier chez homo erectus, (- 2 millions d'années) qui, tout naturellement à compris tout ce que pouvait lui apporter les nombreuses utilisations du feu. Homo erectus avec lequel il va y avoir un énorme bon en avant au point de vue des techniques; dans le comportement des signes, des repères abstraits. Chez Néandertal et Homo sapiens, qui furent en compétition adaptative, Le Moi Identitaire Mytologique va littéralement émerger chez les OBIS sous la forme d'images intérieures, de modélisations anthropomorphiques sur tous les éléments naturels environnementaux : la montagne, la rivière, l’arbre, le ciel, la nuit, le jour, le soleil…Et chacun de ces éléments sera perçu à l’image d'un être en soi, afin que le « je » (le moi), s’inscrive et trouve son écho dans l'environnement pour y inscrire ses repères, partout à la fois, afin que le je suis l’environnement qui m’est désormais re-connu ne soit plus, ou soit le moins possible, dangereux et contrôlable.

N'oublions jamais que le fait de l'être humain (ou du Moi Identitaire Mythologique), est la possibilité de contrôle.

Naissance de l'animisme: Je donne un nom et octroi une âme à l’arbre, à la rivière, à la chaleur, à l’hiver, aux nuages, car si je les mets à ma ressemblance il me sera plus facile de les apprivoiser. La mythologie proprement rituelle et magique va succéder à la mythologie instinctive, pratique, probablement à partir de la maîtrise du feu. Les premières sépultures auraient 100 000 ans.

Je tenterai de décrire par transposition, des épisodes de la vie d'une famille de la préhistoire. Parlerai plus en détail du relationnement interactif entre les individus OBIS et leurs "Lost Emeries" (contextes environnementaux historiques, culturels, ayant cours présentement. Je me dois de développer également ma LUCA ( Loi Universelle des Correspondances Adaptatives), notion fondamentale pour comprendre le phénomène de la matière sensible dans le cadre d'une évolution globale concernant la matière depuis le Big Bang. En outre je ne manquerai pas de signifier les applications relatives à l'intrication entre le corps et le cadre culturel, ainsi que leurs grandes influences réciproques. La fonction identitaire du MIM se devra d'être davantage expliquée.

(1). Lucien Malson. "Les enfants sauvages". Suivi de "Mémoire et rapport sur Victor de l'Aveyron" par Jean Itard. UGE.10/18, 1964.
(2). Au sens Aristotélicien: est animé ce qui est doué de mouvement spontané.
(3). Les "collectifs" de quelque nature qu'ils soient devant être considérés comme des individus, comme des parties de systèmes plus vastes. Je m'en expliquerai ultérieurement.

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