samedi 13 décembre 2008

Perception corporelle...

L’observation du cerveau d’Einstein à laquelle d’éminents spécialistes se sont livrés, après la mort du grand physicien, n’a pas révélé de signes particuliers par rapport à d’autres cerveaux « lembda ». « Ils furent déçus. Après l’avoir passé au scalpel et constaté que l’organe mythique ne différait apparemment pas d’un cerveau ordinaire »… (les cahiers de Sciences et Vie. Hors série. Aout 1993.Les Pères fondateurs de la Science.Albert EINSTEIN).

Ceci renforce ma conviction : le SNC ne doit point être considéré comme un super système autonome qui serait chargé de permettre au reste du corps (vu comme simple mécanique inerte) de fonctionner, mais doit être compris comme la tour de contrôle (mais pas davantage), un système __certes fort complexe __ de gestion informationnelle relié aux organes des sens (la vue, l’ouïe, l’odorat,etc) et, à la totalité fonctionnelle de l’organisme. Le système nerveux irradie ses fibres sensibles dans toutes les régions du corps. Un corps intelligent et adaptatif connecté à l’environnement. Les 5 fonctions sensorielles ne sont point les seuls capteurs de perception environnementale. Il en existe certainement plusieurs autres non perçus par le « moi«. En effet, celui-ci ne nous rend conscient que de ce qui est utile au déroulement de notre existence relationnelle et aux interactions sociétales dont « je » est le sujet/objet.

A savoir que lorsque je sens une odeur, celle-ci est captée sensoriellement, puis dirigée via mon « moi ». Cela me permet de dire: « Cela sent le feu de bois ». Outre le fait, pour mon nez de recevoir ce message particulier, ce dernier est reconnu en tant que perception sensorielle, mais non en tant que cause ou effet organique, et peut donc être définis, plus ou moins précisément, certes, en tous les cas, être au minimum interprété consciemment comme une odeur
de bois brûlé. Mais pour l’organisme, les émanations gazeuses provoquées par du bois en feu représentent beaucoup plus que cette simple traduction subjective verbalisée. Lorsque de telles émanations pénètrent dans l’appareil respiratoire, cet événement représente des milliers d’informations traduites en instructions et actions biochimiques et gérées par l’ensemble du système. Il y a donc un processus d’archivage, une mémoire, un catalogue constitué de centaines de liens formés entre des messages olfactifs divers, et leurs « diagnostics » correspondants. Et c’est grâce à cette gestion que nous nous détournons du feu lorsque la quantité de fumée devient trop importante et qu’elle déclenche en outre une toux significative. Tout ce que notre « moi » nous indique se réduit à nous rendre conscient du malaise et du déplaisir que la présence de ces gaz engendrent. Et ce malaise ne se décrit point en termes scientifiques à ce moment-là.
A ces réactions basiques, se rajoutent encore des myriades de données subjectives celles-ci, reliées à des souvenirs, des émotions et des sentiments expérimentés par le passé; impressions vivaces, voire également ancestrales, relatives à l’odeur du feu de bois. Suggestions de délices alimentaires…Viandes grillées au-dessus de flammes conviviales, entre autre…Et celles-ci comptent également pour le physiologique, traduites qu’elles sont en réactions biochimiques.

Dans notre exemple, les effluves gazeuses, carbonées émises par ce feu, en pénétrant les narines, la gorge et les bronches, informent le « moi » que du bois est en train de brûler, et non pas du caoutchouc ou des ordures. Cette traduction cérébrale induit toute une possibilité de comportements divers comme fuir les lieux d’un incendie, ou bien s’approcher d’un foyer contrôlé pour se réchauffer.

Ce processus mnésique est en principe considéré comme issu d’une fonction particulière du cerveau et seulement de cet organe. Du reste n’y a-t-il pas une zone olfactive connue dans le cerveau permettant de justifier cet a priori…? Cet exclusivisme du contrôle cérébral sur le corps, qui affirme que le cerveau détient toute l’information captée est couramment admis parmi les biologistes et par l’ensemble des disciplines neuroscientifiques et physiologiques. Cependant, dans notre exemple, les poumons sont dans un premier temps, les informateurs du cerveau et pas l’inverse. Pourquoi ne pas envisager le corps dans son entier comme un système ¾ nerveux, certes ¾ ayant la capacité sensible de recevoir ce genre de message et bien davantage; des messages olfactifs, bien sûr, mais aussi des sons, des images. Des messages sous forme de fréquences vibratoires et dirigées vers les zones cérébrales concernées pour compléter les perceptions très limitées de la vue, de l’ouïe, de l’odorat…


La Peau, enveloppe protectrice hyper-réactive.

La peau, cette enveloppe très réceptive, étant elle-même un organe sensoriel (le sens tactile, le toucher) nous inspire l’hypothèse d’une perception intelligente, sur la base d’un fait déjà acquis : les sons et les couleurs (peut-être les formes aussi) se traduisent en fréquences et longueurs d’ondes et donc en vibrations. On sait, par exemple, que les points d’acupuncture où sont fichées les aiguilles, sont des micros cavités dont les parois sont tapissées de fibres nerveuses. Pour soigner un problème donné, tout l’art de cette thérapie consiste à ficher un nombre d’aiguille déterminé en des points déterminés. Par le phénomène de transduction, il n’est peut-être pas stupide de penser que les points constituent alors un réseau, lequel correspondant à des informations spécifiques qui, si ce dernier est justement relié, vont engendrer les réactions biochimiques propres au rééquilibrage et à la répartition de l’énergie sur l’ensemble du corps. N’oublions pas que l’organisme, constitué en majorité d’eau et de métaux divers, est une véritable génératrice électromagnétique « branchée » sur divers « courants » terrestres et cosmiques. A mon humble avis, l’acupuncture doit son efficacité aux propriétés transmétrices du système nerveux, et ces propriétés sont potentiellement utilisables par beaucoup d’autres techniques, la plupart restant à être découvertes à l’heure où je rédige ces lignes.
La peau est effectivement un capteur à multiples usages, munie de pores lui permettant de « respirer », c. à d. de gérer l’oxygène se rependant à sa surface. Cet organe-enveloppe est une très intelligente protection, une frontière ouverte sur le milieu, elle est très plastique, contenant des milliers de micro récepteurs nerveux qui « mesurent » la température ambiante ainsi que le niveau d’humidité extérieur et sans doute bien plus. L’ensemble physiologique ne fonctionne bien que dans la mesure où il conserve une température égale à plus ou moins 37° et ce, quelle que soit la température climatique et géographique extérieure. La climatisation de l’organisme qui se présente comme un système bio-thermo-électro-mécanique relationnel (sensible) complexe, est réglée par l‘enveloppe corporelle. Il semble naturel de penser que l’épiderme, cette frontière ouverte et commune au physiologique et à l’environnement, se comporte comme une membrane « macro mitochondriale » nourricière pour l’individu vivant dans un environnement x, lui-même fonctionnant telle une cellule à l’intérieur de son contexte organique. L ‘épiderme cette fine et très subtile membrane sélective, ô combien réactive, est tout à fait en mesure de percevoir certaines variétés d’ondes vibratoires, percevoir, pourquoi pas, certaines particules et/ou molécules en suspension dans l’environnement proche ou lointain, et qui seraient chargées de « messages » très sophistiqués, sonores et/ou colorimétriques, ou même de tout autre type, des « messages » qui rassurent, qui stimulent, qui stressent, qui ouvrent l’organisme à la vie, ou au contraire qui ferment la boutique, si l’on me pardonne cette expression familière.
La peau, devrait être comprise comme un organe majeur infiniment plus « intelligente » que notre ego, et capable de gérer à chaque seconde des milliers de paramètres inimaginables pour ce dernier, un peu ignare. Il en est bien ainsi pour les fonctionnements de tous les organes que nous aurions bien du mal à simultanément gérer consciemment!
En outre, les messages captés par les cinq sens (la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher) bien que porteurs d’informations primordiales, ne me paraissent pas avoir un très haut degré de perfectionnement, aussi bien au niveau de la perception pure, que de la sélection, en premier lieu, parce que les informations captées sont filtrées par notre « moi » sous influence fantasmatique. Donc, les perceptions sensorielles conscientes ne me semblent pas être en adéquation avec les millions de donnés que les milliards de neurones peuvent et surtout doivent effectivement gérer en des temps très courts.

Le phare à peine visible dans les embruns de la tempête ne donne au marin aucune description du port ou des récifs d’où sa lumière est émise; les 5 sens ne sont que les « phares embrumés » du corps, étrange inconnu, masqué par les tempêtes fantasmatiques du « moi » sous influence.

Pour que l’ensemble des individus formant une société, une civilisation, il faut assurément un complément réceptif pour pallier à cette limitation du « moi » et des cinq sens à la disparité extrême. Et que ce complément soit fourni par la peau en tant qu’associée du SNC me semble plausible, car les réseaux du système nerveux total, ces réseaux qui partent du rachis (système sympathique, relié au cerveau) constituent de fort nombreux points sensibles répartis dans le corps entier, et point uniquement dans le crâne. Les informations diverses reçues par notre organe-enveloppe ont en outre, l’avantage d’atteindre directement n’importe quelle partie du corps avant que le cerveau ne décide comment faire et quoi déclencher en lui-même et dans les différents organes, relativement à ces infos. La peau est bien aux premières loges et c’est peut-être bien elle qui « décide » des messages à transmettre aux nerfs, lesquels ensuite transmettent des données aux zones cérébrales concernées. Je pense que les informations ne se déplacent point en sens unique du cerveau vers les organes mais qu’il y a des « autoroutes » et des voies diverses à double sens où des millions d’infos circulent sans cesse.

Tout, chez une femme, chez un homme, absolument tout son être dépend du bon état fonctionnel de son enveloppe corporelle. La santé physiologique, psychique et, la capacité adaptative à l’environnement, au milieu, elle-même ouvrant les portes du plein épanouissement intime et social. En ces termes disons que le cerveau, avec ses milliards de milliards de connexions possibles, ne peut véritablement remplir sa fonction générale que si l’épiderme est en mesure de bien gérer les messages environnementaux. Naturellement l’organisme tout entier est intelligence sensible et adaptative; le corps est tel un instrument conformé pour jouer merveilleusement la « musique de la Vie » dans un écosystème donné. Le corps est un système de réception-transmission directement mis en contact avec l’environnement. Il est un élément environnemental à part entière et son « intérieur », comme son « extérieur » ne sont qu’illusion perceptive du « moi » : la frontière séparatrice entre l’organisme et son milieu n’existe pas. Seul le « moi » se perçoit comme étanche, comme autre. Mais celui-ci peut être éduqué pour le plus grand bien des cellules-OBIS comme pour celui des civilisations-OBIS.

Il y a fort à parier que chacune de nos cellules dont nous sommes formés, afin de remplir sa fonction individuelle, fonctionne par rapport à son cytoplasme, sur le même mode que le « moi », qui lui, par rapport à l’image fantasmée qu’il a de lui-même et de l’environnement, construit de toute pièce son propre discours, se disant: « Tu es un corps, une personne, un indivis, indépendant, libre et distinct du monde et ton enveloppe corporelle en est la preuve matérielle et protectrice ».

Qu’est-ce que l’individualité?
Un état d’appartenance qui cherche à jouir de sa totalité.

La notion même d’individu présente une équivoque. On confond le « un-chiffre» et le « un-système ». Le premier définis une chose qui n’est pas composée de parties spécifiques et décelables, une chose relevant de la pure abstraction mathématique. Il cesse d’être par la seule réduction même à un niveau infime, de son intégrité. Si l’on enlève ne serait-ce qu’une partie de sa valeur au chiffre « un », celui-ci disparaît corps et bien, pour laisser la place à une valeur située entre la valeur « un » initiale et la valeur « zéro », (valeur pouvant aussi être négative). Quant au second, le « un-système », par exemple un organisme vivant, une société, une machine, une cellule ou encore la planète Terre, étant composé de parties en relation et en interaction les unes par rapport aux autres, ne peut être réduit à néant par la seule élimination d’une de ses parties périphériques. Un homme amputé d’un membre continu d’être un homme.

Sans doute, cette continuité ontologique du « un-système vivant», le seul devant être objectivement retenu ici, repose sur les possibilités afférentes à tout système de compenser une absence, une carence fonctionnelle physique secondaire. Cela, par le développement d’autres capacités physiques et/ou psychiques. La perte d’un bras, d’une main droite va apporter, éventuellement, un surcroit fonctionnel au bras, à la main gauche, qui pourrons ainsi développer des capacités équivalentes. La perte de la vue est susceptible d’augmenter la capacité auditive, par exemple, ou intuitive…

Ainsi, l’être humain n’est pas un simple nombre…6 milliards et demi environ sur notre planète, mais chaque femme et chaque homme appartient à, compose, une communauté particulière régie par une histoire, des traditions particulières. Chaque individu offre sa contribution directe, indirecte, à des relations intimes, à un groupe plus ou moins restreint familial ou professionnel, pouvant participer à des activités associatives; habitant d’un village ou d’une ville, située en une région, un territoire, un pays. Chaque individu a, est, une histoire singulière; peut se réclamer d’une croyance religieuse quelconque; être très attaché à une mouvance politique; avoir des hobbies, des passions; il peut être plus ou moins en recherche de compagnie ou bien plutôt solitaire; il a ses propres tendances sexuelles; possède sa propre personnalité psychologique…Dans ce panel extrêmement riche et varié, dans ces multiples paramètres formant autant d’identités thématiques, se dessine pour chaque femme et chaque homme, un patchwork identitaire polychrome unique en soi, mais, composé par les mêmes couleurs exactement, que celles relatives à la civilisation à laquelle il est affilié. Et c’est bien de façon simultanée que les deux courants identitaires, le personnel et le collectif font que l’être humain individuel existe. Il y a fort à parier que Descartes, tout grand philosophe qu’il fut, a mesuré toute la dimension de son cogito.

L’individualité c’est non seulement, l’affirmation instinctive d’une force créatrice à l‘échelle collective, mais aussi, d’une force de conservation qui résiste au changement. Cette en-bi-valence, cette cohabitation en soi, forcément problématique, constitue une énergie créatrice générée par un « chacun-pour-soi » a notre corps défendant.
Etre, c’est devenir dans une permanence où rien jamais ne change.
L’histoire de toute civilisation figure tout à fait cet état de crise permanente où le XXIème s. actuel se distingue du IVème s. av. J.C, mais où, homo sapiens demeure ce qu’il est depuis 200 000 ans. Les notions de changement et de permanence étant soumises à la relativité des échelles de durées culturelles, spécifiques géologiques et cosmiques.

Cette dualité bi-partitionnée se retrouve du reste dans les entités culturelles intercontinentales où les principales puissances politiques du monde se mènent une guerre pour le pouvoir et la richesse, une guerre pouvant se réduire sous la forme d’un combat Est-Ouest nordique, dans lequel, en passant, le Sud joue le rôle de victime collatérale.


Le monde est une construction imbriquée.

Il me semble raisonnable de considérer, dans le cadre de mon concept de l’OBIS, qu‘une cellule humaine spécifique, mise en rapport avec son environnement physiologique, est un individu, (ou « un-système ») dont les comportements fonctionnels sont correspondants à ceux d’un OBIS citoyen en interaction avec la société. Est-ce qu’une cellule possède une conscience? Vaste question! En tout état de cause une cellule est un système très complexe, très « intelligent », et suffisamment auto déterminé (et donc libre) pour remplir sa mission individuelle. Et si nous sommes conscients de la place occupée par une cellule hépatique, ou par un lymphocyte, dans le corps humain, il n’est pas vraiment certain que celles-ci aient une idée de leur appartenance à un très très vaste corps-système. Elles remplissent leur tâche au niveau de leur forme et de leur position dans telle partie du corps, et à leur niveau ont-elles d’ailleurs besoin d’en savoir plus? Nous pouvons en dire tout autant d’un OBIS boulanger ou avocat vivant à Bordeaux ou à Nancy. Qu’a-t-il besoin de connaître à propos des difficultés des ostréiculteurs de Marennes ou à propos de la conjoncture de l’industrie textile au Mali? Il est vrai que la médiatisation mondialisée de la vie des peuples déverse sur nos écrans de TV plein d’actualités sans doute fort intéressantes, mais de là à dire qu’elles sont toutes vraiment et également indispensables à nos existences individuelles, il y a un pas que je ne franchirai point. Et si nous reconnaissons qu’aujourd’hui nous sommes habitués et sensibilisés par certaines informations distantes que nous considérons pourtant comme un apport non superflu dans notre quotidienneté très locale et personnelle, nous pouvons comprendre qu’il peut fort bien exister aussi, une circulation informationnelle d’un organe à l’autre, entre des cellules fort éloignées, sans doute fort utile à l’ensemble du corps.

Si l’on fait l‘hypothèse d’une correspondance fonctionnelle entre l’individu-cellule et l’individu-citoyen, tout deux compris comme des unités-systèmes imbriqués, il est juste de les réunir dans une somme historique à la fois culturelle et biologique sous la forme d’Organisme Biocultural Identitaire et Sensible, OBIS, qui lui se trouve également inclus à l’intérieur d’un système correspondant plus vaste et englobant, qui est la société, le « Lost Emery », comme je me plais à le baptiser.

Et finalement il s’avère tout aussi juste de reconnaître une correspondance adaptative entre les spéciations anatomico-environnementales des cellules biologiques et les spécialisations socioprofessionnelles actives dans le phénomène sociétal.
En l’Homme, nous avons d’un côté le ça culturel-qui-s’ordonne et de l’autre l’humain-qui-se-cherche. L’un est représenté par un discours objectiviste; l’autre annoncerait l’avènement d’un subjectivisme éclairé grâce auquel l’être humain pourrait s’affranchir de l’être divin.

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Fondements culturels des configurations de la conscience cognitive et morale de la civilisation occidentale. Analyse et ressorts des mentalités du monde globalisé. Les relations et comportements humains, les rapports humain/Nature, les traces et stigmates de l'Histoire de nos sociétés. Les limites de la croissance industrielle. L'écologie ,l'évolution et l'avenir du monde...