Notre espèce , homo sapiens sapiens, fait partie de la famille zoologique des mammifères
du genre primate. Mais il n'est pas que cela. Les hasards ou les
aléas de l' histoire de l'homme n’ont pas voulu que
notre espèce existât de façon aussi pleine et paisible que celle de la
condition animale, condition à l’état naturel s’entend. Il est reconnu que la condition
humaine s’inscrit dans la souffrance. Outre les maladies nombreuses et multiples ayant pour origine l'industrie de masse et l'usage abondant de toute une collection de produits chimiques, les guerres, famines, névroses et psychoses, cruauté et égoïsme social par la ruse et l'appât du gain, obcession du pouvoir, manipulation, gouvernances despotiques, relations intimes et familiales souvent problématiques....etc. Cette souffrance n’est pas naturelle,
elle est culturelle, car cette souffrance est produite par les êtres humains eux-mêmes, par leurs actions, leurs comportements, leurs modes d'être, leurs rapports de forces et au reste du vivant, leurs pensées. Cette souffrance ils se l’infligent les uns les autres dans un processus duel et violent. La dure condition humaine n’est donc point
une fatalité comme le sont les éruptions
volcaniques ou les tsunamis contre lesquels l’homme ne peut rien, mais cette dualité est la conséquence très abrupte d'une certaine tournure de la conscience. Si nous voulons bien considérer que cette conscience, qui de fait, s'oppose de façon très paradoxale à une aspiration, une recherche du plaisir et du bien-être, et que nous nous donnions pour tâche prioritaire de comprendre les mécanismes de cet état de conscience duelle et agressive, comprendre cette perversion belliqueuse, nous devons tout d'abord chercher à savoir si, dans le cadre de l'évolution naturelle (1), ce monde humain est une anomalie , et si oui, qu'elle est l'origine de cette anomalie, comment s'est-elle engrammée au tout début de notre histoire, et si elle peut être réparée. Ou peut-être est-elle simplement "normale", c'est-à-dire en accord avec les principes de l'évolution naturelle que nous ne pouvons prétendre changer, et donc un état de conscience auquel nous devons nous résigner sans aucun état d'âme. Ou encore, si le paradoxe existentiel de l'être humain, dans sa collectivité culturelle, ce mélange de bon et de mauvais, constitue en lui-même une forme de cybernétique qui fonctionne pour équilibrer le gout de vivre et la souffrance.
Puisque l’espèce homo
sapiens sapiens donne tous les signes raisonnables
et rationnels d’une prise de conscience de son mal-être, et qu'il aspire au bien-être, alors posons-nous la question à propos d'une évolution culturelle, (l'histoire des cultures humaines), qui soit, ferait partie intégrante de l'évolution naturelle, ou bien si les sociétés conçues par l'homme obéissent à une autre force, et seraient alors l'objet d'une évolution culturelle totalement indépendante, comme en parallèle à la nature. Si l'homme est une entité à part du reste du vivant sur cette Terre, il n'en est pas moins issu; il est lui-même un produit naturel dont il a toutes les caractéristiques biologiques et anatomiques. Comment expliquer alors, que contrairement aux autres mammifères, l'homme se comporte comme un prédateur de sa propre espèce, et pas seulement, car il agit aussi en prédateur des ressources naturelles animées et inertes qu'il exploite abusivement ? Tout en se montrant auto-destructeur, puisque sa survie dépend directement de la planète Terre. En tout état de cause l'origine de cette prédation est bien culturelle : les loups ne se mangent point entre eux. Que s'est-il donc passé chez l'espèce homo sapiens sapiens dans son passage de l'état préhistorique, à celui d'un être sensible humanisé et civilisé. Quelles ont été les étapes de cette humanisation qui ont sans doute débuté chez les ancêtres hominidés, ancêtres d'homo sapiens sapiens? Notre espèce, sans doute, était dès son apparition, pré-déterminée à la capacité de former des organisations collectives complexes. Est-ce que le dualisme, entre comportement auto-destructeur et aspiration au bien-être est une composante fondamentale des sociétés humaines ?
Si nous nous référons à la belle santé démographique des humains dont le nombre ne cesse d'augmenter sur tous les continents, il apparaît que la violence que les humains s'infligent entre eux depuis des millénaires, n'a aucun effet négatif sur leur capacité à se multiplier. Cela signifie qu'il y a bien un équilibrage qui opère entre la prédation inter-humaine, et une appétance très marquée pour la vie. Et cette rage de vivre ne peut que relever de la force qui poussent les arbres à s'élever et qui permet aux animaux de se reproduire. Elle est naturelle. Nous voyons clairement ici les deux forces en présence chez tout homme; la force naturelle et la puissance culturelle. Se pourrat-il que le processus culturel, porteur de souffrance, soit un élément de sélection propre aux sociétés ? Il est évident que ce qui forme problème pour l’homme c’est à la fois son très mauvais usage de sa très belle et très noble animalité, et son orientation pour le moins grossière de sa partie purement humaine, autrement dit culturelle. Homo sapiens sapiens serait-il une création ratée, viciée, une anomalie parmi l'équilibre naturel?
Pour parvenir au statut d’être humain, nos ancêtres hominidés successifs (Australopithèques, homo
erectus et homo habilis pour les principaux)
ont sans doute commencé à développer des éléments sensibles pré-culturels qui se
sont transmis très profondément par une évolution biologique autant que psychologique. Homo sapiens est apparu il y a 150 000 ans ou un peu plus, avec
sa structure cérébrale très proche de l’actuelle. Le développement du cerveau de l’homme ( et donc les modes de pensée) est directement
configuré par des formes de sensibilisations morales,émotionnelles,
sentimentales, psychologiques en somme. Un cortex, toute proportion gardée, largement plus complexe que chez toutes les autres espèces de mammifères.
Cela implique une
consciencialisation qui s’est paramétrée dans un imaginaire, une
subjectivité, dont les autres mammifères sont privés, étant donné que les autres espèces sont adaptées aux écosystèmes naturels dans lesquels ils naissent, tandis que l'homme est le concepteur de ses propres écosystèmes sociétaux. L’animal n’a donc pas besoin d’imaginer pour se forger une existence, et ce, pour la simple raison que chaque
espèce viable représente une solution adaptative finie dans le contexte global
de son propre environnement naturel. Les caractéristiques physiques
et biologiques de chaque animal sont des parties constituantes d’un milieu, le biotope, qui est
déjà là au moment de sa naissance et l’être vivant qui naît dans un milieu très
précis est lui-même un produit de ce milieu. C’est ainsi que tant que les
conditions environnementales, géographiques, géologiques...etc, restent inchangées, tous les éléments
écosystémiques reproduisent les mêmes espèces. En effet, chaque espèce animale viable est de
façon parfaite, constituée au plan anatomique et physiologique, pour survivre et se reproduire dans le biotope
où il nait et dont il constitue un élément parmi tous les autres. Et si des changements importants et brutaux arrivent dans un biotope donnée, les espèces qui y existent disparaissent.
Nos ancêtres hominidés, bien qu’issus d’une ou plusieurs
espèces de primates, dont on ignore
encore tout, n’ont pas été constitués
par les seules lois de spécialités adaptatives comme chez les autres epèces
naturelles. Bien que d’origine animale les tout premiers hominidés (Le Sahelanthropus tchadensis baptisé Toumaï), il y a environ 7 millions d'années, qui pourraient avoir laissé la place à l'Australopithèque, il y a plus ou moins 3 millions d'années est peut-être la premiere espèce à se tenir debout. Toumaï sont les plus anciens fossiles découverts du genre homo et conservent encore
le grand mystère à propos de ce fameux ancêtre commun au singe et aux premiers hominidés.
Les australopithèques n’étaient pas
de simples animaux, et ils n’étaient point encore des humains à l'image d'homo sapiens. Ces lointains ancêtres d'homo sapiens vivaient dans des conditions fort précaires, car ils ne bénéficiaient plus des caractéristiques du singe, dont avait pu bénéficier Toumaï, et n'avaient point encore développé des techniques et des moyens de protection qui n'ont été élaborés que beaucoup plus tard par les espèces d'hominidés successives.Par conséquent ils étaient extrêmement démunis et vulnérables face à la
nature. Ainsi, confrontés à de nombreuses espèces
carnassières et bien plus fortes qu’eux, face aux caprices naturels de tous ordres, les corélégionnaires de la petite Lucy, ont dû assumer très tôt des défis de survie absolument considérables. Il leur a été indispensable de créer, d’imaginer, en un mot de concilier leur immense vulnérabilité et les terribles dangers de leur environnement naturel, s'adapter. Ces efforts d'adaptation ont donc développé des particularités cérébrales complexes qui
se sont objectivées à travers des formes de
défenses et de protection complémentaires à leurs bras, leurs jambes, leur corps frabile. Tout
au long des millions d'années qui ont suivi, les australopithèques ont réussi l'exploit de survivre assez longtemps pour qu'apparaisse leurs descendants tel l'espèce homo habilis, homo erectus....Jusqu'à l’apparition d'homo sapiens, le cortex de nos ancêtres était déja relativement complexe. Il s’est paramétré,
formaté, il a épaissi sous l’action comportementale et créatrice. Ils ont petit à petit
aménagé le milieu naturel en installations propres à permettre à des groupes de s'organiser selon des organisations communes. N’étant pas en mesure de répondre physiquement aux dangers auxquels ils étaient exposés, ces espèces d’ hominidés ont réussi
l’incroyable exploit de configurer d’une
part, leurs milieux de vie au milieu de la nature selon leurs propres inventions, et, d’autre
part leurs activités d’aménagement ont développé la conscience au sens culturel, dans le sens anthropologique du terme, ce, au fur et à mesure des divers perfectionnements de leurs organisations collectives. Faut-il voir ici la naissance de l'être individualisé? Au cours de plusieurs millions d’années ils ont été capables ,
en quelque sorte, de ré-inventer le milieu naturel et ils ont intégré au plus profond de leur organisme biologique la façon avec laquelle ils
se sont mis en relation avec les phénomènes naturels et leur environnement. Plusieurs
millions d’années plus tard les premiers
homo sapiens développaient des inventions techniques bien sûr mais aussi, et
surtout, inventions abstraites telles que les croyances, la mythologie, en guise de proto-religion. Ce fut la naissance de l'animisme et du totémisme. Et c’est directement sous l’influence de leur imaginaire que
les familles d’hominidés se sont tout d’abord organisées et défendues face à la
violence du milieu naturel et qu’ils ont
peu à peu constitué des groupes de plus en plus importants et solidaires. Ils ont créé de toute pièce des organisations
collectives et des valeurs subjectives qu’ils ont aménagés par la force de leur
pensée. Ce,grâce à une métaphorisation des éléments naturels. Comment se fait-il que cette capacité de résistance adaptative originelle se transforme aujourd'hui en comportement suicidaire ?
Il serait intéressant de savoir si la difficile résistance face aux forces de la nature a pu provoquer des traumatismes ayant pour effet d'instiller dans les consciences une violence défensive pulsionelle qui s'exprimerait ancore de nos jours; en une hyper agressivité dualiste qui serait elle-même à l'origine des incessantes guerres auxquelles se livrent les différents groupes culturels depuis des milliers d'années. Ces traumatismes issus de la période préhistorique pourrait bien être la racine de la fort difficile condition du monde humain actuel.
En effet, l’être humain n’est toujours pas arrivé à la mise
en place du bénéfice des valeurs spirituelles, culturelles et morales qu’il
prétend défendre en théorie. Pourquoi est-il incapable de mettre en pratique ce que sa raison lui diste ? Il n’a pas encore appris à transposer, à l’intérieur de ses civilisations, la merveilleuse harmonie auto-recylante de la vie animale et végétale.
Il est une question alors que nous pouvons nous poser :
Est-ce l’a-moralité de la nature et ses lois qui dirigent de façon irrémédiable
les hommes, qui par conséquent ils ne dépasseront jamais leurs pulsions, ou bien est-il possible d’installer une certaine harmonie, une paix durable dans le
monde humain réparable ? Mais une autre question alors se présente d’emblée et
qui est peut-être encore plus intrigante, voir passionnante, par les doutes
qu’elle soulève : L’harmonie, même relative, entre les différents peuples
et pays est-elle objectivement possible, et serait-elle plus efficace contre les
abominations qui émaillent notre Histoire; l'harmonisation des peuples et des cultures seraient-elles plus efficaces contre les grandes
souffrances de ce qu’on appelle la condition humaine ? Pour ma part j’ai
très envie de répondre oui.
Quelle est l’origine de cet être à partir duquel tous les
être vivants seraient issus ? Nous
pouvons déjà constater que a) Il existe chez les animaux une graduation entre
les espèces de très petite taille et les plus grandes. b) que les espèces et les
genres varient en fonction des différents climats sur la planète, en fonction
des reliefs géographiques, des particularités géologiques…etc.c) Que souvent,
d’une contrée à l’autre on trouve les mêmes types d’organismes qui se
différencient par des caractères adaptés aux conditions décrites ci-dessus.
C’est-à-dire que l’on trouve les oiseaux, les rongeurs, les insectes, les
reptiles, les fauves, les brouteurs en troupeaux, les primates, les animaux
marins….etc Et l’on peut constater que l’immense variété des espèces s’exprime
dans chacun de ces règnes de base et correspond à une hyper-spécialisation
adaptative des formes de survie, offrant des anatomies très proches les unes
des autres dans une même famille, par exemple chez l’oiseau. Il semble que la
nature a voulu s’assurer de la présence de ces familles de bases par de
multiples versions spécifiques à l’intérieur de ces familles afin que ce foisonnement
serve d’essai adaptatif.
Comment expliquer autrement qu’il existe autant de versions
différentes de l’oiseau ou de l’insecte ?
Est-ce vraiment les seuls critères géo-climatiques qui sont
à l’origine de cette immense variété foisonnante? L’exemple des espèces endémiques
des écosystèmes insulaires nous apportent quelques réponses..