« Il est inutile d’insister sur l’extrême accroissement
de la pression de la vie dans la
biosphère
provoqué par l’apparition de
l’homo
sapiens évolué, qu’on peut, semble-t-il appeler, en combinant la
terminologie de
Linné
et de
Bergson, et en
employant la triple caractéristique de l’espèce
homo sapiens
faber [H.S.F](*). La pensée de l’H.S.F est un nouveau fait qui
bouleverse la structure de la biosphère après des myriades de siècles. »
(*) Le sigle H.S.F a été rajouté par moi-même. Me suis
permis cette bénigne appropriation pour des commodités de transcription.
La démocratie est composée d’un ensemble d’éléments parmi
lesquels se trouve, de la façon la plus active, la
thanatocratie,
que l’on peut résumer par « le système scientifico-militaro-industriel […..]
dans les transformations accélérées de la biosphère actuelle. »(2).
Mais quel rapport peut-il y avoir entre l’idée de biosphère
et celle de démocratie thanatocratique ?
Si l’on considère à l’instar de V.Vernardsky, que la Terre
est à comprendre comme un organisme vivant à part entière qu’il appelle
biosphère, chez lequel les éléments géophysiques, biologiques (la diversité du
vivant) et humains (le poids des activités de
l’homo faber ) sont unis en un unique processus, et qu’on rapproche
le concept de biosphère de celui de
noosphère cher à Teilhard
de Chardin, on saisit alors très aisément le poids des décisions politico-économiques,
celui des programmes industriels, ainsi que les conséquences des actions
militaires sur cet « accroissement de la pression » qui transforme,
déplace et détruit les différents équilibres géologiques, climatiques,
chimiques et sociétaux. L’homme exerce une forte perturbation non seulement au
niveau naturel, mais également sur lui-même ! Chez l’homme moderne tout se
passe comme si les activités et les comportements agissaient comme des outils
de pression, de contraintes évolutives. L’homme serait-il auto-évolutif ? A
l’observation des évènements du monde tout semble nous conforter dans l’idée
que la puissance de la technologie est en train de changer la nature
fondamentalement animale de l’être humain. Et c’est ce processus qui forme les
principales inquiétudes des mouvements écologistes.
Précisément, de quoi l’écologie a-t-elle vraiment peur ?
Est-elle davantage émue par les atteintes et les agressions des activités
humaines à la faune et à la flore de la biosphère, ou bien s’angoisse-t-elle à
propos de la dépendance de l’homme vis-à-vis des éléments naturels dont sa vie
dépend ? Nous connaissons tous la
réponse. Aucun être humain équilibré ne penserait sacrifier sa propre vie pour
sauver les requins ou les rapaces de la disparition.
Il y a bien chez l’homme un partage des tâches à l’intérieur
de la noosphère thanato-démocratique où se maintien un certain équilibre
entre une progression constante et régulière vers la transformation
technologique et l’instinct de conservation naturel. « L’être humain est
un animal qui fabrique des outils. »(Benjamin Franklin). Mais afin de dissiper
tout malentendu au plan des responsabilités, nous devons préciser et insister
sur le caractère non manichéen du processus. A savoir qu’il n’y a pas d’un côté
des humains thanatocrates qui polluent et détruisent les écosystèmes de la
biosphère, et de l’autre des humains écolo-démocrates absolument respectueux
de la nature. Nous sommes tous, au niveau individuel, à la fois destructeurs de
la nature _ ne serait-ce que par le fait que nous sommes tous des consommateurs
de produits industriels_. Et la plupart d’entre nous, à l’exception des
écolo-sceptiques de plus en plus rares, sommes effrayés par l’idée de
contracter des cancers dus à l’aluminium, aux particules fines émises par les
moteurs diesels ou autre malnutrition…etc…(à suivre)
* - je propose cette citation du père de la science géographique,
Paul Vidal de la Blache, car sa vision universelle consistant à associer climat, sol, flore et faune et activité et relations humaines rejoint la mienne. Pour ma part je considère que le développement social et culturel est directement relié aux particularités géologique et géographiques. Et c'est là que s'unissent la nature et l'humain.
(1) :
Freidrich Ratzel.
(2) Jacques Grinwald
http://books.google.fr/books?id=VFdqqL3AdGoC&pg=PA50&dq=vladimir+vernadsky&hl=fr&sa=X&ei=p6BEUZCoCKHW0QWM2YGAAg&redir_esc=y#v=onepage&q=vladimir%20vernadsky&f=false
Suite, le 3/11/2013.
A propos d'une certaine interprétation conventionnelle de l'action de l'homme sur la Terre et sur les processus du vivant, il est je crois une erreur à ne pas commettre qui consiste à accuser l'être humain en tant que tel, comme une source
extérieure de destruction. Ce sont les forces mêmes de l'évolution qui instrumentalisent l'homo sapiens. Lui-même se trouve sous les contraintes transformatrices dues à la civilisation et à la technologie. En effet, l'homme, en tant que produit naturel de l'évolution n'est pas une pièce rapportée à la Terre et la nature; il est un produit évolutif à part entière au même titre que l'animal, le végétal et le minéral. L'homme serait ainsi le maillon d'une longue chaîne de processus qui les uns après les autres, se succédant au fil du temps, vont remplacer la nature, du moins la métamorphoser pour en faire une
autre nature.