samedi 23 août 2014

EXEMPLE BIOCULTURAL : LA CULTURE DE L'HOMO URBANICUS;



Brève présentation de mon concept de BIOCULTURALITÉ.

Le terme biodiversité est parfaitement adéquat pour définir l'ensemble du vivant végétal et animal, autrement dit, la diversité du monde naturel. Il fallait donc trouver un terme pour définir l'être humain en tant que produit de l'évolution naturelle et produit purement culturel issu de l'histoire des sociétés et des civilisations. Il fallait en outre rendre compte de la partie matérielle, physique, corporelle, et de la partie morale, sociologique, psychologique dont tous les hommes (et les femmes) sont constitués.

C'est ainsi que me vint l'idée de BIOCULTURALITÉ. Je souhaitais trouver un terme pour unifier l'interinfluence entre le corps et la culture. La bioculturalité implique que le corps, dans son aspect extérieur et dans sa physiologie n'est pas uniquement marqué, configuré, régis par l'origine ethnique, elle-même en adéquation avec le milieu géographie originel, mais cette ethno-géographie correspond également les particularismes sociaux, traditionnels, symboliques, techniques. A la base d'une organisation sociétale digne de ce nom nous trouvons en effet des femmes et des hommes regroupés sur un territoire donné, sur un site ayant son relief, son climat et offrant certaines ressources naturelles exploitables. D'un côté nous avons les activités pratiques et les échanges de procédés divers, le développement de techniques à partir de matériaux se trouvant sur place (travail de la pierre, du bois, de métaux, utilisation de fibres végétales) et de l'autre nous trouvons l'influence des forces et des éléments naturels (la pluie, le vent, les volcans, les rivières...) agissant sur l'imaginaire d'où s'instaure les croyances et les rites.

Le corps et la culture s'interinfluencent, sur le mode matériel, concret, pratique, ainsi que psychique, symbolique, moral, relationnel. C'est l'union entre la partie physique et la partie psychologique qui constitue ce que l'on appelle un être humain.

De nos jours la diversité ethnique, cette bioculturalité originelle, tend à se fondre dans une mixité de la standardisation des villes, la standardisation des modes de vie urbains dans le monde. Les individus se différencient de moins en moins par des paramètres ethno-géographiques originaux, mais de plus en plus par leur quartier, par leurs appartenances à diverses catégories de citoyens, par leurs gouts, par leurs loisirs et leurs mœurs. Le climat politique et social et les différences de capacité économiques, le quartier urbain où ils naissent et grandissent ; le milieu familial où ils évoluent agit sur les corps dans leur apparence et leur fonctionnements, agit également sur les consciences (mentalités) et donc sur les attitudes, le langage, l'imaginaire, les codes et la gestuelle communicante et bien sûr les comportements.

Ce n'est plus tant de nos jours la latitude et la longitude, le climat nordique ou équatorial ou bien les ressources naturelles à disposition sur tel territoire qui forme la base matérielle des us et des coutumes, des habitudes alimentaires qui agit sur le corps pour lui donner une couleur, une certaine corpulence et qui formait la base concrète principale de la façon d'interpréter le monde et de considérer ses semblables. Aujourd'hui la manière dont on communique et s'exprime est directement reliée à des phénomènes de mode, et à des catégories sociologiques diverses, à des adhésions à des clubs, reliée aux nouvelles technologies de communication. 

Il ressort de cette urbanité un déplacement de l'aspect moral et symbolique des anciens supports mythologiques traditionnels qui étaient directement inspirés par la nature, un déplacement vers de nouveaux supports, technologiques issus de l'industrie. Nous sommes dorénavant dans une mythologie de l'appareil électronique, de la machine, autant dire un fétichisme industriel et financier. Le milieu social et le club, le groupe, la communauté constituent autant de micro-cultures ayant leur propre utilisation de la langue, détermine les mots que l'on emploie et autant de points de vue différents d'où les autres et le monde est jugé.

L'urbanité remplace la géographie, change les corps qui se trouvent aujourd'hui contraints sous la pression d'une conscience paramétrée par les médias, par l'industrie, par la technologie médicale et les nouveaux modes alimentaires. Et que la bioculturalité soit considérée dans sa forme originelle géographique, traditionnelle et ancestrale, ou bien dans sa forme actuelle urbaine,les effets symboliques et irrationnels demeurent les mêmes, inchangés depuis 30 000 ans.

Ce qui a changé c'est que là où autrefois existaient des peuples de faible démographie rassemblés et unis autour d'un espace naturel, rassemblés autour de traditions ancestrales et unis autour des  sages qui transmettaient des principes immuables de génération en génération, on trouve aujourd'hui une atomisation de l'idée de peuple, formée de micro-cultures tel que par exemple, les communautés homosexuelles, les adeptes du tatouage, les chanteurs de Rap, les communautés de motards ou de collectionneurs de vieilles voitures..etc..

De fait, l'homo urbanicus ne reçoit plus son identité des anciens que le grand âge rend désormais sociologiquement obsolète, mais il cherche et doit trouver lui-même un groupe sociologique correspondant à ses aspirations personnelles, correspondant à son expérience urbaine, correspondant aux objets et aux machines, aux symboles sur lesquels il puisse se projeter, projeter ses fantasmes mythologiques et son imaginaire, projeter son goût de puissance et son aspiration à la liberté.

Chaque groupement micro-culturel possède son propre parler, sa propre sémiotique, sa propre métaphysique, sa propre action sur le corps social et sur le corps individuel.

Alors qu'autrefois toutes les catégories et corporations tel que les religieux, les soldats,les marchands, les nobles, les paysans,,,,etc, convergeaient vers le roi, vers le gouvernement, vers l'état et l'église qui détenaient un vrai pouvoir politique, économique et moral, nous avons aujourd'hui, réparti sur toute la surface du globe, un ensemble disparate, hétéroclite urbain de catégories, de groupements, de clubs, de communautés cloisonnées et étrangères et très souvent opposées et conflictuelles les unes par rapport aux autres et qui offrent entre elles autant de différences qu'il y en a entre les différentes tribus ethniques d'Afrique ou du Moyen Orient.

Depuis une soixantaine d'années on assiste à des tendances quelque peu rétrogrades en matière de religion, d'identité nationale, d'art (dans la peinture et la danse), comme si la conscience collective recherchait dans les anciennes formes primitives à obtenir ce que le confort et l'artifice industriel urbain leur a ravis, comme si les consciences cherchaient instinctivement à se rapprocher et à mieux servir les besoins naturels du corps. Un corps qui dans certains quartiers a gardé la mémoire ancestrale de la solidarité tribale, des grandes marches migratoires, le goût de la chasse, des combats et du sang.


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Fondements culturels des configurations de la conscience cognitive et morale de la civilisation occidentale. Analyse et ressorts des mentalités du monde globalisé. Les relations et comportements humains, les rapports humain/Nature, les traces et stigmates de l'Histoire de nos sociétés. Les limites de la croissance industrielle. L'écologie ,l'évolution et l'avenir du monde...