Brève présentation de
mon concept de BIOCULTURALITÉ.
Le terme biodiversité
est parfaitement adéquat pour définir l'ensemble du vivant végétal
et animal, autrement dit, la diversité du monde naturel. Il fallait
donc trouver un terme pour définir l'être humain en tant que
produit de l'évolution naturelle et produit purement culturel issu
de l'histoire des sociétés et des civilisations. Il fallait en
outre rendre compte de la partie matérielle, physique, corporelle,
et de la partie morale, sociologique, psychologique dont tous les
hommes (et les femmes) sont constitués.
C'est ainsi que me vint
l'idée de BIOCULTURALITÉ.
Je souhaitais trouver un terme pour unifier l'interinfluence entre le
corps et la culture. La bioculturalité implique que le corps, dans
son aspect extérieur et dans sa physiologie n'est pas uniquement
marqué, configuré, régis par l'origine ethnique, elle-même en
adéquation avec le milieu géographie originel, mais cette
ethno-géographie correspond également les particularismes sociaux,
traditionnels, symboliques, techniques. A la base d'une organisation
sociétale digne de ce nom nous trouvons en effet des femmes et des
hommes regroupés sur un territoire donné, sur un site ayant son
relief, son climat et offrant certaines ressources naturelles
exploitables. D'un côté nous avons les activités pratiques et les
échanges de procédés divers, le développement de techniques à
partir de matériaux se trouvant sur place (travail de la pierre, du bois, de
métaux, utilisation de fibres végétales) et de l'autre nous trouvons
l'influence des forces et des éléments naturels (la pluie, le vent, les volcans, les rivières...) agissant sur l'imaginaire
d'où s'instaure les croyances et les rites.
Le corps et la culture
s'interinfluencent, sur le mode matériel, concret, pratique, ainsi
que psychique, symbolique, moral, relationnel. C'est l'union entre la
partie physique et la partie psychologique qui constitue ce que l'on
appelle un être humain.
De nos jours la diversité
ethnique, cette bioculturalité originelle, tend à se fondre dans
une mixité de la standardisation des villes, la standardisation des
modes de vie urbains dans le monde. Les individus se différencient
de moins en moins par des paramètres ethno-géographiques originaux,
mais de plus en plus par leur quartier, par leurs appartenances à
diverses catégories de citoyens, par leurs gouts, par leurs loisirs
et leurs mœurs. Le climat politique et social et les différences de
capacité économiques, le quartier urbain où ils naissent et
grandissent ; le milieu familial où ils évoluent agit sur les
corps dans leur apparence et leur fonctionnements, agit également
sur les consciences (mentalités) et donc sur les attitudes, le
langage, l'imaginaire, les codes et la gestuelle communicante et
bien sûr les comportements.
Ce n'est plus tant de nos
jours la latitude et la longitude, le climat nordique ou équatorial
ou bien les ressources naturelles à disposition sur tel territoire qui forme la base matérielle des us et des coutumes, des habitudes
alimentaires qui agit sur le corps pour lui donner une couleur, une
certaine corpulence et qui formait la base concrète principale de la
façon d'interpréter le monde et de considérer ses semblables.
Aujourd'hui la manière dont on communique et s'exprime est
directement reliée à des phénomènes de mode, et à des catégories
sociologiques diverses, à des adhésions à des clubs, reliée aux
nouvelles technologies de communication.
Il ressort de cette urbanité
un déplacement de l'aspect moral et symbolique des anciens supports
mythologiques traditionnels qui étaient directement inspirés par la
nature, un déplacement vers de nouveaux supports, technologiques issus de
l'industrie. Nous sommes dorénavant dans une mythologie de
l'appareil électronique, de la machine, autant dire un fétichisme
industriel et financier. Le milieu social et le club, le groupe, la
communauté constituent autant de micro-cultures ayant leur propre
utilisation de la langue, détermine les mots que l'on emploie et
autant de points de vue différents d'où les autres et le monde est
jugé.
L'urbanité remplace la
géographie, change les corps qui se trouvent aujourd'hui contraints
sous la pression d'une conscience paramétrée par les médias, par
l'industrie, par la technologie médicale et les nouveaux modes
alimentaires. Et que la bioculturalité soit considérée dans sa
forme originelle géographique, traditionnelle et ancestrale, ou bien
dans sa forme actuelle urbaine,les effets symboliques et irrationnels
demeurent les mêmes, inchangés depuis 30 000 ans.
Ce qui a changé c'est
que là où autrefois existaient des peuples de faible démographie
rassemblés et unis autour d'un espace naturel, rassemblés autour de
traditions ancestrales et unis autour des sages qui transmettaient des
principes immuables de génération en génération, on trouve
aujourd'hui une atomisation de l'idée de peuple, formée de
micro-cultures tel que par exemple, les communautés homosexuelles,
les adeptes du tatouage, les chanteurs de Rap, les communautés de
motards ou de collectionneurs de vieilles voitures..etc..
De fait, l'homo urbanicus
ne reçoit plus son identité des anciens que le grand âge rend
désormais sociologiquement obsolète, mais il cherche et doit trouver lui-même
un groupe sociologique correspondant à ses aspirations personnelles,
correspondant à son expérience urbaine, correspondant aux objets et
aux machines, aux symboles sur lesquels il puisse se projeter,
projeter ses fantasmes mythologiques et son imaginaire, projeter son
goût de puissance et son aspiration à la liberté.
Chaque groupement
micro-culturel possède son propre parler, sa propre sémiotique, sa
propre métaphysique, sa propre action sur le corps social et sur le
corps individuel.
Alors qu'autrefois toutes
les catégories et corporations tel que les religieux, les
soldats,les marchands, les nobles, les paysans,,,,etc, convergeaient
vers le roi, vers le gouvernement, vers l'état et l'église qui
détenaient un vrai pouvoir politique, économique et moral, nous avons
aujourd'hui, réparti sur toute la surface du globe, un ensemble
disparate, hétéroclite urbain de catégories, de groupements, de
clubs, de communautés cloisonnées et étrangères et très souvent
opposées et conflictuelles les unes par rapport aux autres et qui
offrent entre elles autant de différences qu'il y en a entre les
différentes tribus ethniques d'Afrique ou du Moyen Orient.
Depuis une soixantaine
d'années on assiste à des tendances quelque peu rétrogrades en
matière de religion, d'identité nationale, d'art (dans la peinture
et la danse), comme si la conscience collective recherchait dans les
anciennes formes primitives à obtenir ce que le confort et
l'artifice industriel urbain leur a ravis, comme si les consciences
cherchaient instinctivement à se rapprocher et à mieux servir les
besoins naturels du corps. Un corps qui dans certains quartiers a
gardé la mémoire ancestrale de la solidarité tribale, des grandes
marches migratoires, le goût de la chasse, des combats et du sang.
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