samedi 14 mai 2011

L’argent fait le "bonheur" de ceux qui n’en ont pas.

14 mai 2011.



A quoi sert l’argent ? A le dépenser. Où et comment on dépense notre argent ?
Dans le système de production-consommation sur lequel la société est organisée. Pas d’argent, pas d’achats ; pas d’achats et pas de commerce ni d’industrie.   Or, que propose  l’industrie relayée par le commerce de détail ? Des milliards d’objets plus ou moins utiles et efficaces et pour la plupart n’étant ni utiles, ni pratiques, ni efficaces, sauf pour générer du profit.

De l’Utilité.

Qu’est-ce qu’un objet ou un produit utile ? C’est quand il répond à un besoin, quand il sert à quelque chose, même si son utilité est souvent polymorphe, loin d’être très claire.

 Le besoin est en soi multiforme. Il peut être d’ordre purement pratique (une fourchette, par exemple), ou d’ordre émotionnel, égocentrique… Il peut être pulsionnel. C’est le coup de cœur  présenté dans une vitrine devant laquelle on vient à passer ; l’envie s’improvise sur le moment  dans son exclusivité sensuelle, s’impose comme jouissance immédiatement accessible. Le besoin peut être aussi d’ordre uniquement statutaire, c’est-à-dire répondre à une nécessité d’appartenance et d’intégration. Par exemple le fait de prioriser telle marque de chaussure, le fait de prétendre à la possession du smartphone que l’ensemble des médias met en valeur. Ou encore, faire construire une piscine dans son jardin parce que dans le quartier toutes les habitations ont leur piscine, etc.  Il y a également une « méthode » qui consiste à acheter pour les enfants, vêtements, jouets, gourmandises, des objets que l’on s’interdit à soi-même. On se satisfait là par un plaisir virtuel tout en ayant très bonne conscience. De plus les enfants bien mis, constituent une image positive pour leurs parents. On voit rouler des poussettes énormes sur les trottoirs déjà bien encombrés ; on promène le petit dans son fringant 4X4 en somme, et, peu importe si on porte des collants filés ou percés.

Il ne fait aucun doute que le besoin de provoquer des effets sur le regard des autres, fait parti des besoins canalisés dans la consommation. Achats de véhicules, vélos, autos, motos, équipements sportifs.... Mais on a jamais un seul type de besoin. Si j’ai besoin de fourchettes, (besoin pratique) je vais les choisir selon mes goûts esthétiques, (besoin émotionnel). Je pense que lorsque je vais avoir des invités ils vont manger avec (besoin de représentation). Mais peut-être que je vais devoir attendre quelques semaines, quand mon budget me le permettra plus sagement, pour les acheter. Sauf...Sauf si, je vois, dans une vitrine illuminée, une intéressante promo sur tous les services de tables de 70 pièces, sacrifiés à 50% de leur prix courant, une promo qui arrive à terme et dont il faut profiter sans tarder ! Surtout si le service en question est d’un style tout à fait branché et glamour, à rendre jalouse d’admiration ma belle sœur, qui se fait toujours un malin plaisir de sonner à ma porte pour étaler sur Mon canapé ses incessantes trouvailles dans les boutiques de vêtements de la rue machin. Et si je ne fais pas sur moi-même un immense effort de résistance, je vais effectivement acheter ce service 70 pièces en promo. Et je vais m’empresser de déculpabiliser en justifiant mon péché par le fait que c’est une excellente affaire , ce qui présente en plus l’avantage de me convaincre une fois de plus de mon intelligence et de mon formidable esprit d’opportunité ! Combien je le paie ? 50 euros seulement. Ainsi, mon simple besoin pratique de 6 fourchettes  s’est transformé en un achat correspondant à 3 ou 4 fois le prix des seules fourchettes. Et encore, les dégâts seront limités si, par chance, les fourchettes du fameux service ne se plient point en deux sur un morceau de viande un peu ferme.Le fameux made in China. La magnifique boîte se rajoute donc à mes 150 assiettes, verres, et autres ustensiles, complètement coincés dans mon buffet, devenu trop petit, et qu’il va falloir donc remplacer par un plus grand ! Quant à la facture d’électricité qu’il faut régler dare dare, je vais être obligé d’appeler la compagnie pour obtenir un délai de paiement. Et combien d’achats de cet acabit ai-je commis cette année, et depuis 10 ans ? 20 ans ? Combien de dizaines, de centaines de milliers d’euros pour ça ?

Pour résumer, gâce à leurs migrations vers l’Est, les industriels font plus d’argent qu’ils n’en ont  fait depuis le 19è siècle, avant tous les acquis obtenus par ceux  qu’on appelait autrefois les travailleurs. Or, cet argent, les populations mises hors du marché du travail, n’en profitent plus en tant que salariés méritants et adultes. Elles reçoivent des miettes, en guise de charité raisonnée, juste assez pour rester tranquille et se ramollir progressivement dans un état qui parfois, les rend inapte à toute reprise d’emploi. Longue durée. Ces populations continuent d’enfanter puisqu’on les assiste au prorata de leur fertilité, ce qui coûte évidemment moins cher que de créer des orphelinats d’enfants abandonnés. Mais surtout, on a compris que des familles qui se développent constituent un potentiel commercial pour l’industrie alimentaire industrielle d’abord, et pour l’industrie de la pacotille émergente ensuite. Et il ne faut pas oublier la nécessité de renouvellement des générations pour éviter le vieillissement de ces mêmes populations. Il ne faut pas oublier non plus que nous sommes actuellement en plein règne du low coast qui rapporte des fortunes. 

Et en ce domaine il faut arrêter avec cette idée qui fait croire aux gens qu’il existe une vraie et saine concurrence entre l’Occident et les pays émergents. La vérité est que les industriels et ingénieurs des deux côtés sont associés et complémentaires, complices. Le profit se moque bien de la patrie et de la politique. 
Donc, l’argent tourne en boucle afin de revenir toujours à sa source : Les banques.
Il démarre depuis les banques, organismes réputés comme les plus riches de la Terre, pour aller un peu à l’industrie et au commerce, beaucoup à la spéculation. L’argent continu son tour de manège, il est saupoudré comme on l’a vu, pour l’ assistanat genre RSA,RMI,allocs, etc.  De là, il alimente le commerce de détail, l’agriculture,  les micros entreprises qui paient des intérêts d’emprunts, quelques fonctionnaires reçoivent leurs émoluments, qui alimentent…Les banques. Et tout le fric généré par les réseaux mafieux de trafics en tout genre, l'argent de la drogue, les ventes d'armes qui transgressent les embargos,  les fortunes détournées par des chefs d'état escrocs, etc, etc, se trouve blanchi, déposé dans les organismes off shore, pour encore alimenter…Les banques ! Des banques souveraines et toutes puissantes, réservoir colossaux d'argent et de lingots,  pouvant, comme on l’a vu, être « sauvées » par qui? Par les états. 

Mais, me demandais-je,  comment l’état, qui n’est censé qu’avoir des recettes principalement par l’impôt,  peu-il être en mesure de renflouer les banques par centaines de milliards en quelques heures ? D’où, l’état, qui lui-même emprunte à des banques,  l'état surendetté atrocement,  prend-il tous ces milliards qu'il nous sort comme d'un chapeau de magicien, pour les prêter (ou le donner) aux banques ?  Laissons là pour l'heure ce mystère, et j'invite le lecteur à mener ses propres investigations.

En vérité, on ne fait pas que se procurer des fourchettes quand on achète des fourchettes.

On achète du respect, de la considération ; on raque pour l’approbation de nos semblables, on monnaye leur sympathie et leurs sourires bienveillants, on négocie le simple fait d’exister. Corruption structurelle. On vient au monde, mais on vient sans passeport, comme un clandestin, et on ferait n’importe quoi pour ne pas être reconduit à la Frontière. Et, surtout, on se vend à soi-même, à notre moi,  une image identitaire qui n’est rien qu’un emballage enrubanné autour de notre âme sensible. Et dans ce monde où la pauvreté ne fait que se surajouter comme peine supplémentaire à cette solitude impitoyable du citoyen civilisé, aucun n’est finalement gagnant. Pauvres riches ; pauvres pauvres. On ne fait rien d’autre que de s’assimiler aux objets que nous convoitons. On se vend, on s’objetise, nous nes sommes que les prostitués d’un système maquereau qui nous dit qu’on est libre…Libres parce que vous comprenez chez nous c’est la démocratie. Vous comprenez, chez nous, vous pouvez avoir une voiture personnalisée ! Mais ce qu’on ne dit pas c’est que c’est la bagnole qui vous possède, et là vous n’avez pas droit à l’avantage client. Elle choisit  de vous emmener où Elle veut vous conduire. Et Elle nous mène au néant. C’est Elle qui vous isole dans l’habitacle de métal et de matière plastique pour que vous vous désolidarisiez les uns les autres, pour que vous ne puissiez plus vous sentir, vous humer les uns les autres. Pour que vous ne puissiez point vous soulever contre la mafia globalisée. C’est comme ça que chassent les prédateurs carnassiers ; ils isolent un jeune faon, une jeune biche, un sujet affaibli, blessé, malade, du troupeau et …. 

L’être humain civilisé est blessé, affaibli ; il est malade.

Par ici, on est « obèse » du coup de coeur, glouton, consumériste insatiable, blasé, incarcéré dans des urbanités à l’image des batteries de porcs et de poulets qui alimentent la grande distribution. Conditionnés pour enrichir une poignée de princes qui se prennent pour Dieu. Par là, on est tellement démuni, affamé, dépourvu de tout ; tellement abandonné que la conscience n’a pas l’énergie de penser à se révolter, aller mieux. Il faut sortir de l’équilibre par les extrêmes. Entre les malades de la surabondance et ceux du dénuement le plus décharné, on voit s’élever des peuples en colère. Mais que devient et où vont leurs élans ? Que traduisent-ils ? A quoi rêvent ces populations qui semblent comme sortir tout à coup des non-lieux de l’Histoire ? Ils rêvent d’acheter des voitures, des maisons, de beaux habits. Et pour cela faudra construire encore des usines, en Chine et en Inde bien sûr aussi. Il faudra encore plus de pétrole, de sites nucléaires pour l’énergie électrique. Des hypermarchés tout neufs vont peut-être surgir de la poussière désertique ; des autoroutes vont incruster leur noir bitume parmi les dômes  de sable hautains et menaçants. Comment leur dire à tous d’y aller très doucement, avec grande lenteur ? Comment les convaincre que là où ils en sont aujourd’hui, dans cet entre deux à la fois magique et difficile, qu’ils sont bien plus proches d’une société à humanité durable que nous le sommes, nous, qui implosons sur le mode global. Nous les coloniaux qui  avons lâché l'Afrique, sous couvert d'indépendance, nous n'avons rien fait en réalité que de la livrer à des dirigeants escrocs à la solde de l'empire industriel et politique de l'Occident. Et c'est notre modèle que les Tunisiens, les Libyens, les Egyptiens veulent copier ? Nous qui, catastrophés et peureux, n’acceptons pas de  recevoir les réfugiés. 

Il faudrait d’abord que nous prenions conscience que ce monde de conquête guerrière et sans partage que nous avons engendré nous dit qu’il faut changer. 

Mais comment change-t-on ce que des milliers d’années de violences, de razzias, ont peu à peu inscrit dans nos consciences ? Sur le plan évolutif nous représentons l'humanité sélectionnée dans l'enfer de tous les dangers. Nous sommes pétris de cette violence. La machine ne peut pas s’arrêter d’elle-même. L’Histoire à fait de nous des génies technologiques,  et nous avons contaminé d’autres peuples qui mettent les bouchées doubles dans la folie enivrante du sentiment de puissance, la folie de l’esclavage par l’objet. Des pays qui en quelque sorte ont pris le relai de cette folie. La solution se trouve chez l’individu. Et plutôt chez l’Occidental. Le processus de prise de conscience fait son chemin depuis quelques années déjà. Balbutiements écologiques. C’est en partie pour cela que la production industrielle déserte nos sociétés et délocalise vers des territoires où les exigences de confort et de revenus, de qualité de vie, sont très inférieures aux nôtres. Ainsi, la puissance technologique et industrielle de l’Occident a émigré vers l’Est afin de retrouver des esclaves utiles et dociles pour leurs productions. Ils fabriquent ainsi toujours plus de fourchettes, de toutes les tailles, toutes les formes possibles et imaginables, qu’ils mettent dans des millions de conteneurs sur de gigantesques bateaux pour fournir les revendeurs Européens, Américains, Canadiens…A des prix forcément bas, afin que  des millions de citoyens au chômage, dans la précarité de contrats CDI, d’emploi partiel, et aux très maigres revenus et retraites, puissent avoir l’illusion de profiter. On leur réserve  de la pacotille à trois balles, des sortes de jouets qui imitent le beau ,le solide .  Du clinquant dans des boutiques style « Tout à 1 euro » éclairées par des spots brûlants à la lumière blanche, crue, et  agressive. Les Grands Prédateurs s’y prennent comme on fait avec  les enfants, afin de les occuper afin qu’ils ne soient pas trop turbulents. Des populations infantilisées et amorphes, restant des heures chaque jour à regarder à la TV, des pubs pour les 4X4 et des émissions people débiles qui les font rêver sur les destinées féériques des princesses, des vedettes de la chanson et du cinéma. Cette gadgétisation des peuples humbles Occidentaux incultes, qui consomment du made in China, grâce à une politique d’assistanat bien orchestrée, des populations qui ne sont donc pas dans une logique de réciprocité active avec la société et qui sont déconnectées du processus de contribution citoyenne, qui, à l’époque où tous ces gens travaillaient ou presque, à la ferme ou en usine, leur inculquait une mentalité solidaire, une sociabilité, une fierté. Aujourd’hui, ce sentiment d’appartenance est en grande partie éteint.(à suivre)

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Fondements culturels des configurations de la conscience cognitive et morale de la civilisation occidentale. Analyse et ressorts des mentalités du monde globalisé. Les relations et comportements humains, les rapports humain/Nature, les traces et stigmates de l'Histoire de nos sociétés. Les limites de la croissance industrielle. L'écologie ,l'évolution et l'avenir du monde...